Le robot arrive sur le champ de bataille. Cette évolution technologique est inéluctable et pose des questions notamment d’éthique lorsque l’on s’interroge sur le degré d’autonomie de cet instrument doté d’outils d’intelligence artificielle. Quelle est la place de l’homme dans le processus de mise en œuvre de robots à usage militaire ? Qui assume la responsabilité de l’usage du feu si le vecteur est armé ? Un vaste champ de réflexion ouvert depuis plusieurs années et pas près de se refermer.
L’éthique appliquée à la robotique militaire par le filtre de l’officier (T 1122)
Ethics Applied to Military Robotics by the Officer's Filter
The robot enters the battlefield. This technological evolution is inescapable and raises ethical questions, in particular when one wonders about the degree of autonomy of this instrument equipped with artificial intelligence tools. What is the place of man in the process of implementing robots for military use? Who takes responsibility for the use of fire if the vector is armed? A vast field of reflection open for several years and far from over.
L’officier est un homme de son temps, utilisant les moyens qu’il a à sa disposition pour remplir ses missions et ses objectifs. L’abus de langage « nouvelle technologie » ne représente pas l’environnement dans lequel est circonscrit l’officier.
La technologie est une perpétuelle évolution et se voudrait universelle, quand l’éthique, fruit d’une culture et de l’histoire propre à chaque nation représenterait le pan conservateur de cette dialectique. Médiateur car porteur significatif de l’éthique au quotidien dans son métier, l’officier ne doit pas moins utiliser la technologie aujourd’hui omniprésente dans l’exercice du commandement et dans le métier des armes. La banalisation de l’expression journalistique « robot tueur » tenterait donc de placer un cas de conscience dans une machine, programmée, voulue et utilisée par l’homme pour exercer une pression directe sur l’éthique de ce dernier. Dans l’environnement stratégique contemporain, il est une réalité, celle de l’efficience (1). Les ennemis d’aujourd’hui et de demain utilisent des armes et systèmes d’armes de plus en plus précis, destructeurs, performants et rapides. Rappelons que la ville est le champ de bataille du futur, et ce futur est déjà contemporain si l’on regarde les combats irakiens ou syriens. Il n’est donc pas surprenant de constater l’utilisation de l’outil robotique par tous types d’acteurs en proie à la haute intensité du combat.
Le code éthique du soldat est de sauvegarder la vie des hommes combattant à ses côtés et la sienne autant que possible, tout en étant prêt à aller jusqu’au sacrifice ultime si la mission l’exige. Ne pas prendre en compte les plus-values que nous offrent la technologie sans pour autant les ériger comme une fin en soi, c’est prendre le risque de perdre la prochaine guerre en plus de ses soldats. Aujourd’hui, l’éthique exige l’utilisation de moyens pour protéger au mieux les soldats. Le robot, ce compagnon utilitaire servant de proxy tactique (2), absorbera les risques et pièges du champ de bataille en primo intervention.
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