Le Cameroun est confronté à des défis sécuritaires dont Boko Haram qui cherche à s’implanter et sévir au nord du pays. Or l’actuelle gouvernance reste fragile et mal adaptée aux nouvelles menaces, obligeant à une réflexion sur les évolutions nécessaires. La constitution du 18 janvier 1996 évoque le concept de la Nation en armes. Toutefois le dispositif de sécurité présente une prépondérance de l’État, et ses élites. Bien plus quand le débat sur la sécurité a lieu, ce dernier est confidentiel.
Gouvernance du secteur de la sécurité au Cameroun : vicissitudes contemporaines d’un legs français (T 1129)
Security sector governance in Cameroon: contemporary vicissitudes of a French legacy
Cameroon faces security challenges including Boko Haram which seeks to establish itself and operate in the north of the country. However, current governance remains fragile and poorly adapted to new threats, forcing reflection on the necessary changes. The constitution of January 18, 1996 evokes the concept of the Nation in arms. However, the security system has a preponderance of the state and its elites. Even moreso when the debate on security takes place, it is confidential.
Concevoir la sécurité en faisant appel à la gouvernance témoigne non seulement de l’importance des rôles et des responsabilités du gouvernement, mais cela permet également de faire ressortir les impacts positifs et négatifs que différents types d’acteurs, étatiques et non-étatiques, peuvent avoir sur la prestation, la gestion et le contrôle de la sécurité. Au Cameroun, le gouvernement assure la gouvernance de pair avec des acteurs non-étatiques. Toutefois, dans certains cas, la gouvernance est assurée sans l’intervention du gouvernement, dans la mesure où des acteurs non-étatiques agissent indépendamment, d’une manière qui affecte également la sécurité. C’est le cas lorsque des collectivités territoriales créent des comités de vigilance ou lorsqu’elles se tournent vers des systèmes de justice alternatifs.
Depuis les années de mobilisation contre les rébellions (1955-1970), les civils sont, de manière conjoncturelle, associés aux missions de défense nationale. Toutefois la sécurité est une affaire des élites. Et cela aussi bien en termes de philosophie et de perception sécuritaire, que d’organisation et de fonctionnement. Dès lors, comment la gouvernance et la production de la sécurité s’organisent-elles entre les différentes strates administratives ? Si les fournisseurs privés de sécurité ne constituent pas un phénomène nouveau, bien que la nature de leur implication ait beaucoup fluctué dans le temps, la problématique du « qui fait quoi ? » est à saisir à la croisée de plusieurs évolutions dont celles des menaces, et à l’organisation administrative de l’État.
La gouvernance du secteur de sécurité : du legs français à l’embrigadement des élites
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