Les puissances occidentales ont voulu imposer la démocratie, les droits humains et l'individualité en quelques années, à rebours des réalités. Pour régler la crise en Libye, il est temps de prendre en compte l'organisation millénaire tribale et les réalités de la société libyenne.
Les tribus libyennes : pouvoirs et limites (T 1140)
Drapeau libyen dans les montagnes (Diy13)
The Western powers wanted to impose democracy, human rights, and individuality in a few years, contrary to reality. To resolve the crisis in Libya, it is time to consider the millennial tribal organization and the realities of Libyan society.
La Libye n’existe en tant qu’État indépendant que depuis 1951. Elle fut durant des siècles colonie ottomane (les Willayets) puis colonisée par l’Italie en 1911 quand le nom « Libye » fut, pour la première fois, donné à cette portion du Sahara connue sous les noms de Tripolitaine (à l’ouest), Cyrénaïque (à l’est), Fezzan (désert du sud). Il y a donc peu d’idée de « nation » et les identités sont d’abord tribales et régionales.
Le nom « Libya » vient de « Libou », vieux mot définissant les pays à l’ouest de l’Égypte (qui eut d’ailleurs un pharaon Libou). Les côtes furent colonisées d’abord par les Phéniciens (Carthage), puis par les Grecs (la Cyrénaïque) et par les Romains (la Méditerranée étant Mare Nostrum). Enfin, elles furent islamisées à partir de 640 comme tout le Maghreb, convertissant des tribus Berbères chrétiennes, juives (en 690, la Kahina, la « Jeanne d’Arc » berbère, était juive) et animistes.
Le vieux fonds de tribus Berbères/Amazigh fut arabisé (90 % de la population selon les études génétiques) ne laissant que quelques pourcents de la population parlant et s’identifiant comme amazigh. Deux seules tribus sont vraiment « Arabes », les Banu Hilal et Banu Salim, envoyées au XIe siècle par les Fatimides d’Égypte pour contrôler les populations berbères remuantes. Jusqu’au XVIe. siècle, les Berbères eurent une réelle présence et position de force dans tout le Maghreb. Les colonisateurs favorisèrent l’arabisation, dans une vision simpliste de communautarismes et d’un Islam global et commun à tous.
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