Le missile balistique est une réalité tactique depuis 1944 et les V2 allemands. Trop souvent associé à l’emport d’une charge nucléaire, celui-ci peut aujourd’hui avec une tête conventionnelle jouer un rôle très conséquent. Ce n’est pas un hasard si la Russie et d’autres États n’ont cessé de produire et d’améliorer ce type d’engin à la précision croissante. De plus, il reste très difficile d’intercepter en vol de tels systèmes et il serait urgent que l’Europe y réfléchisse sérieusement que ce soit pour s’en protéger que pour pouvoir disposer des capacités spécifiques aux missiles balistiques.
Missiles balistiques conventionnels : l’émergence d’une capacité critique (T 1147)
Système (Sol-air de moyenne portée/terrestre (SAMP/T) Mamba
The ballistic missile has been a tactical reality since 1944 and the German V2s. Too often associated with the carrying of a nuclear charge, this can today with a conventional warhead play a very significant role. It is no coincidence that Russia and other states have continued to produce and improve this type of machine with increasing precision. Moreover, it remains very difficult to intercept such systems in flight and it would be urgent for Europe to think seriously about it, whether to protect itself from them or to be able to have the specific capabilities of ballistic missiles.
La parade du 1er octobre 2019 à Pékin a mis en lumière les nouvelles capacités militaires chinoises. Comme le relevait une note publiée par la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) dès septembre, le développement du volet balistique, nucléaire comme conventionnel, est particulièrement remarquable (1). Or les capacités balistiques conventionnelles sont souvent éclipsées dans l’opinion par les armes nucléaires, les drones, les chasseurs furtifs ou les porte-avions.
C’est sans doute une erreur, qui tient au modèle mental occidental qui fonde depuis trente ans la projection de puissance sur l’aviation, réservant les capacités balistiques à l’arme nucléaire. Le missile balistique conventionnel reste associé à l’image du Scud : un missile imprécis, peu efficace et qu’il était aisé d’intercepter. Dans ces conditions, la puissance militaire moderne n’aurait pas besoin de telles armes et les États qui les développent seraient toujours suspects de le faire avec l’idée de les armer de têtes « non conventionnelles ». Or le développement des forces balistiques conventionnelles actuelles, largement dominé par la Chine, repose sur des armes très modernes et exploite, à dessein, les vulnérabilités des dispositifs militaires occidentaux dont le format s’est trop réduit et trop concentré.
Il n’est pas inutile de revenir sur les caractéristiques fondamentales de l’arme : un missile balistique a une trajectoire essentiellement influencée par la gravité et la vitesse acquise par une impulsion initiale, à l’image d’un lanceur spatial. Dans la plupart des cas, seule l’ogive rentre dans l’atmosphère pour aller frapper la cible. Compte tenu de la vitesse très élevée et des importantes forces de frottement, les ogives présentent une trajectoire très sensible à la déviation. À mesure que la portée augmente, leur imprécision ou « Écart circulaire probable » (ECP) s’accroît très significativement et il faut disposer de mécanismes correcteurs de trajectoire. Les caractéristiques générales définissant les missiles balistiques ont peu évolué depuis le V2 allemand (2).
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