Kaboul, capitale de l'Afghanistan. Photo : knovakov
Le 29 février 2020, les États-Unis et les taliban ont signé à Doha, au Qatar, un accord qualifié unanimement d’historique. Néanmoins, à l’heure où Donald Trump savoure ce qu’il considère comme un succès pour son agenda électoral, le chef du mouvement afghan lui-même, Haibatullah Akhunzada, proclame leur victoire sur la première puissance mondiale.
Doha Agreement: The Taliban Victory (T 1156)
On February 29, 2020, the United States and the Taliban signed an agreement unanimously described as historic in Doha, Qatar. Nevertheless, as Donald Trump savors what he considers a success for his electoral agenda, the leader of the Afghan movement himself, Haibatullah Akhunzada, proclaims their victory over the world's leading power.
Le 29 février 2020, les États-Unis et les taliban ont signé à Doha, au Qatar, un accord qualifié unanimement d’historique. Néanmoins, à l’heure où Donald Trump savoure ce qu’il considère comme un succès pour son agenda électoral, et que le chef du mouvement afghan lui-même, Haibatullah Akhunzada, proclame leur victoire sur la première puissance mondiale (1), quelle est la réalité de la situation afghane ? Est-il justifié de parler d’un accord de paix, au risque d’extrapoler la réalité de son contenu ?
Buts de guerre
Avant de parler de paix et des acquis de l’accord de Doha, il faut rappeler les motifs belligènes des deux parties signataires. Depuis 2001 et la reprise de l’insurrection, les taliban ont avancé un agenda national, se voulant pouvoir politique légitime et véritable État afghan. Ils ont ainsi refusé tout dialogue avec le gouvernement de la République islamique d’Afghanistan (RIA), et fait de l’invasion occidentale la principale cible de leur communication. Cette logique nationaliste a fait passer au second plan l’idéologie religieuse et traditionnelle, mais le projet politique pour l’Afghanistan n’a pas changé. Alex Strick-Van-Linschoten et Anand Gopal (2) soulignent la capacité du groupe à faire évoluer communication et doctrine en fonction du contexte stratégique. Sans nier les liens avec des groupes islamistes transnationaux sur lesquels nous reviendrons, le projet politique et la stratégie de l’Émirat islamique d’Afghanistan (EIA) consistent au premier chef en la reconquête du territoire afghan.
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