En 1988, la CIA publie un rapport portant sur les tensions entre Arméniens et Azéris dans l’Oblast du Haut-Karabagh, qui s’est avéré pertinent pour guider la diplomatie américaine dans la région. L’élection présidentielle du Haut-Karabagh en avril 2020 s’est soldée par une victoire de Arayik Haroutiounian, laissant présager une reprise des tensions avec l’Azerbaïdjan. Il semble alors intéressant de se repencher sur les origines et les trajectoires du conflit à travers le rapport de la CIA, étonnamment d’actualité, pour décrypter les enjeux diplomatiques et militaires de la région et particulièrement au regard de la Russie dont l’implication reste ambigüe.
L’approche de la Central Intelligence Agency (CIA) dans l’oblast autonome du Haut-Karabagh (T 1191)
Une maison bombardée dans le village de Talish, situé près de la frontière avec l'Azerbaïdjan. Les soldats azéris sont entrés dans le village pendant la guerre d'avril 2016, ont tué quatre vieux hommes et leur ont brutalement coupé les oreilles. Le village est maintenant inhabité. © Prospekt Photographers
In 1988, the CIA published a report on the tensions between Armenians and Azeris in the Nagorno-Karabakh Oblast, which proved to be relevant in guiding American diplomacy in the region. The presidential election in Nagorno-Karabakh in April 2020 ended in a victory for Arayik Haroutiounian, suggesting a resumption of tensions with Azerbaijan. It therefore seems interesting to look again at the origins and trajectories of the conflict through the surprisingly topical CIA report, to decrypt the diplomatic and military issues of the region and particularly with regard to Russia, whose involvement remains ambiguous.
Un rapport de la Central Intelligence Agency (CIA) sur l’Oblast autonome du Haut-Karabagh remontant à 1988 (accessible au public en 1999), apporte plusieurs éclaircissements sur les connaissances de la communauté du renseignement des États-Unis sur cette région au cœur des tensions entre Arméniens et Azéris.
Au moment de la rédaction de cet article (2020), il s’avère nécessaire de préciser que Washington ne reconnaît pas le Haut-Karabagh comme pays, contrairement à 9 États américains – Californie, Géorgie, Hawaï, Louisiane, Maine, Massachusetts, Michigan, Rhode Island, Colorado – qui acceptent la « République d’Artsakh » (autre nom donné au Haut-Karabagh) comme pays sur la base de la convention de Montevideo.
Cette discordance entre la politique de la Maison-Blanche et celle de certains États américains était mise en avant dans le rapport de la CIA Unrest in the Caucasus and the challenge of Nationalism en 1988 et atteste de sa pertinence pour analyser l’approche contemporaine de la diplomatie américaine à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et au sein du Groupe de Minsk (créé par la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe en 1992 pour résoudre pacifiquement le conflit entre Arménie et Azerbaïdjan).
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