Le 2 août 1990 est une journée particulière. Au petit matin, Saddam Hussein commet l’irréparable. Il lance ses armées sur le Koweït. Les vacances sont gâchées, et le monde repart en vrille avec son cortège de souffrances. Riche d’un sous-sol gorgé de pétrole, le petit État est occupé et annexé en quelques heures. Le dictateur irakien vient ce jour-là de doucher définitivement les espoirs de paix de l’après-guerre froide. Retour sur un séisme planétaire…
2 août 1990, il y a trente ans, la guerre du Golfe (T 1195)
George Bush, président des États-Unis, à la rencontre des GI’s en Arabie saoudite le 22 novembre 1990 à l’occasion de Thanksgiving, durant la séquence Desert Shield de la guerre du Golfe 1990-1991 © George Bush Library.
August 2, 1990 is a special day. In the early morning, Saddam Hussein commits the irreparable. He launches his armies towards Kuwait. The holidays are ruined, and the world goes into a spin with its procession of suffering. Rich in an oil-soaked subsoil, the small state was occupied and annexed in a few hours. The Iraqi dictator has just that day definitively showered the hopes of peace in the post-Cold War period. Back to a planetary earthquake…
Les vacances d’été en France ont bien commencé, les premières de l’après-guerre froide, avec à l’esprit encore les images de liesse aux pieds du mur de Berlin tombé en novembre. L’apocalypse n’aura pas lieu, pas tout de suite. L’histoire semble s’offrir un répit et pour une fois épargner l’Europe. Le Vieux Continent est en fête et entrevoit avec optimisme les retrouvailles avec Prague, Varsovie, Budapest et pourquoi pas Moscou. Doit-on s’inquiéter lorsque Saddam Hussein accuse l’émir du Koweït de produire son pétrole au-delà des quotas de production fixés par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), avec pour effet de faire baisser les prix et de mettre plus encore en difficulté ses recettes ? On se dit que le différend, loin de chez nous au Moyen-Orient, trouvera un dénouement diplomatique.
Le 22 juillet 1990, les Français applaudissent Greg LeMond, le vainqueur américain du Tour de France. Réveil calé sur 6 h 45 ; demain c’est jeudi, un 2 août ; diplôme tout frais de la rue Saint-Guillaume en poche, il faudra rejoindre son stage à Paris 14e, quartier Montparnasse, au Centre de recherche sur les stratégies et les technologies (Crest), un think-tank rattaché à Polytechnique et à la DGA. Pour nos jeunes lecteurs, rappelons qu’en 1990 le suivi de l’actualité fait appel à une ressource rare : l’information. Pour se faire une idée de ce qui se passe ce jeudi, il n’y a que quelques images troubles de vols d’hélicoptères sur une ville inconnue, Koweït City. Il faut attendre le journal télévisé, celui de midi ou celui de 20 heures, pour se faire une idée de visu de la situation. Les troupes d’invasion sont irakiennes, Saddam Hussein a décidé de défier le monde. Dès ce jeudi 2 août, le Golfe devient le théâtre d’une guerre de l’image et de la propagande. Le jour même, l’ONU condamne à l’unanimité. C’est l’objet de la résolution 660 votée en urgence ; le geste aventureux de Saddam exige l’évacuation immédiate de ses troupes d’invasion. Les télévisions tiennent le feuilleton de l’été qui servira dans le désert l’affrontement militaire qui a épargné l’Europe.
De Desert Shield à Desert Storm : la « logique de guerre »
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