Le conflit autour du Haut-Karabagh a rallumé les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour d’un territoire peuplé à 95 % d’une population arménienne mais situé territorialement en Azerbaïdjan. Cette confrontation est le résultat d’une histoire chaotique et d’un processus non résolu lors de l’éclatement de l’ex-URSS. De fait, il n’y a pas de vraie solution viable si les deux camps concernés ne font pas un minimum de concessions réciproques. De plus, cette crise s’inscrit dans une zone crisogène, le Caucase, avec des acteurs voisins aux ambitions clairement affichées comme la Turquie. Les deux articles (voir Tribune n° 1202) présentent plusieurs aspects de cette guerre éloignée mais aux conséquences dramatiques notamment pour les populations civiles.
Les protagonistes dans le conflit du Haut-Karabagh (T 1203)
Tank memorial à Stepanakert, char T-72 (© Marshall Bagramyan)
The conflict around Nagorno-Karabakh has reignited tensions between Armenia and Azerbaijan around a territory populated by 95% of an Armenian population but located territorially in Azerbaijan. This confrontation is the result of a chaotic history and an unresolved process during the breakup of the former USSR. In fact, there is no real viable solution if the two camps concerned do not make a minimum of reciprocal concessions. In addition, this crisis is part of a crisis-prone zone, the Caucasus, with neighboring players with clearly stated ambitions such as Turkey. The two articles (see Tribune no. 1202) present several aspects of this distant war, but with dramatic consequences, particularly for the civilian populations.
Le retour des violences dans le Haut-Karabagh, territoire montagneux contesté entre Azerbaïdjan et Arménie depuis plusieurs siècles, amène à la question fondamentale de savoir quelles sont les attentes des belligérants et les moyens diplomatiques et militaires dont ces derniers disposent pour s’imposer sur le terrain.
Du temps de l’Union soviétique, le Haut-Karabagh était un oblast autonome avec une population mixte – Arméniens et Azéris – rattaché au sein de la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. Cette affiliation, loin d’avoir été le fruit d’une concertation entre Erevan et Bakou, fut imposée par Moscou afin de diviser les peuples du Caucase du Sud et tirer avantage des tensions internes. Bakou, par crainte de perdre le contrôle sur l’oblast du Haut-Karabagh, était prêt à octroyer de nombreuses concessions au Kremlin. De la même manière, Erevan ne manqua pas d’adopter une attitude conciliante vis-à-vis de Moscou pendant la guerre froide en espérant retrouver le contrôle sur ce territoire. Pour ce qui est des habitants du Haut-Karabagh, l’affiliation identitaire à un pays ou à un autre dépendait essentiellement de l’ethnie, ce qui amenait à des tensions sporadiques et récurrentes dans la région.
Avec la mise en place de la glasnost et la perestroïka par Mikhaïl Gorbatchev à la fin des années 1980, Arméniens et Azéris commencent à s’exprimer plus librement et s’opposent sur la légitimité de Bakou à diriger cette région. Comme le mentionne un rapport de la CIA en 1988, Unrest in the Caucasus and the Challenge of Nationalist (déclassé en 1999), le Kremlin est impuissant et ne parvient pas à trouver un accord entre Azéris et Arméniens, sa seule alternative est d’envoyer des troupes sur place pour endiguer les violences.
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