Le lundi 9 novembre 1970, vers 18 heures dans sa résidence de La Boisserie, à Colombey-les-Deux-Églises, le général de Gaulle décédait brusquement dans sa quatre-vingtième année.
Il y a 50 ans - Le lundi 9 novembre 1970 : disparition du général de Gaulle (T 1213)
Mémorial Charles-de-Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises (© Fondation Charles de Gaulle)
On Monday, November 9, 1970, around 6 p.m. in his residence in La Boisserie, in Colombey-les-Deux-Églises, General de Gaulle died suddenly in his eightieth year.
Le lundi 9 novembre 1970, vers 18 heures dans sa résidence de La Boisserie, à Colombey-les-Deux-Églises, le général de Gaulle décédait brusquement dans sa quatre-vingtième année. Depuis le dimanche 27 avril 1969 et le référendum perdu, il s’était fixé définitivement dans cette demeure qu’ils appréciaient tant avec son épouse Yvonne. Hormis un long voyage en Irlande entre mai et juin 1969 pour découvrir la terre d’une branche ancestrale, et en Espagne en juin 1970, le couple n’avait quasiment pas quitté ces terres austères de Haute-Marne.
Ce n’est que le lendemain matin que la France fut informée de la disparition de Charles de Gaulle. L’émotion fut intense et dépassa les frontières.
Michel Debré, alors ministre d’État chargé de la défense nationale (1969-1973) écrivit cet In Memoriam pour la Revue. Le ministre était l’un des plus anciens fidèles du Général, qui l’avait choisi comme son premier Premier ministre, de 1959 à 1962. À cet égard, Michel Debré a été un des pères fondateurs de la Constitution de la Ve République. Bien que pro-Algérie française, il avait soutenu la politique gaullienne aboutissant à l’indépendance de l’Algérie. De ce fait, il avait vécu les événements au cœur, conscient du déchirement de la communauté militaire face au processus de retrait. Il en connaissait toutes les cicatrices encore perceptibles en 1970, en particulier au sein de l’Armée de terre.
Ministre des Affaires étrangères de juin 1968 à juin 1969 sous le gouvernement de Maurice Couve de Murville (1907-1999), il se rallie naturellement à Georges Pompidou, élu président de la République le 15 juin 1969, et devient, dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, ministre d’État, en charge des armées. C’est dire combien Michel Debré appartenait au premier cercle du pouvoir et pouvait ainsi retracer le parcours de l’Homme de l’Appel du 18 juin. De plus, comme ministre des Armées, il savait mieux que quiconque – hormis Charles de Gaulle – combien l’institution militaire avait été bousculée, voire traumatisée par les changements majeurs imposés par le Chef de l’État depuis 1958 sur un rythme rapide pour que la France retrouve sa « grandeur ». La RDN a été un
des acteurs de cette transformation avec en particulier la montée en puissance de la dissuasion nucléaire largement présente dans la revue, avec des articles et des chroniques participant à la construction politique de la doctrine française.
Michel Debré a donc retracé avec des mots bien choisis l’importance majeure qu’a eu le Général dans notre histoire contemporaine. Cinquante ans après, ce texte résonne encore d’actualité, rappelant combien les ambitions de l’ancien chef de l’État pour la France restaient légitimes et d’actualité. Cette année 2020 avec le 130e anniversaire de sa naissance, les 80 ans de l’Appel du 18 juin et enfin le Cinquantenaire de sa disparition, illustre – dans la crise sanitaire, économique et sécuritaire que nous traversons – nous rappelle ce que nous devons au général de Gaulle qui a su choisir la voie de l’honneur et assumer la responsabilité de reconstruire le destin de notre pays.
Pour compléter :
Neau-Dufour Frédérique : La première guerre de Charles de Gaulle 1914-1918, Tallandier, 2013, 384 pages
Jackson Julian : De Gaulle, Une certaine idée de la France, Seuil, 2019, 992 pages