Les récentes attaques terroristes sur le sol français ont été effectuées de manière barbare, avec un simple couteau. À Vienne, ce fut l’utilisation d’une arme à feu qui a été constatée. Ce terrorisme islamiste revendiqué mélange cruauté et simplicité, loin des attentats élaborés comme le 13 novembre 2015 à Paris ou quelques semaines plus tard à Bruxelles. Il n’en demeure pas moins que l’émotion et la sidération restent profondes pour une opinion publique ébranlée par la revendication identitaire islamiste. D’où le besoin d’en comprendre les ressorts pour mieux affronter cette menace permanente et qui pèse sur le fonctionnement de nos sociétés de plus fragilisées par la crise sanitaire.
Attaques au couteau : terrorisme ou fanatisme ? (T 1214)
La Basilique Notre-Dame-de-l'Assomption à Nice (LimeWave Photo, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons)
The recent terrorist attacks on French soil were carried out in a barbaric way, with a simple knife. In Vienna, it was the use of a firearm that was observed. This claimed Islamist terrorism mixes cruelty and simplicity, far from elaborate attacks such as November 13, 2015, in Paris or a few weeks later in Brussels. The fact remains that the emotion and astonishment remain deep for a public opinion shaken by the claim of Islamist identity. Hence the need to understand the springs to better face this permanent threat and which weighs on the functioning of our societies, which are more weakened by the health crisis.
L’attaque à l’arme blanche dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice et les multiples incidents sécuritaires du même type qui ont eu lieu dans le reste de la France dans la journée du jeudi 29 octobre 2020 s’inscrivent dans la continuité de la décapitation, le 16 octobre, de Samuel Paty – professeur d’histoire-géographie qui a présenté, en classe, les caricatures du prophète Mahomet parues dans Charlie Hebdo – et l’attaque devant les locaux du même journal satirique du 25 septembre 2020. Le président de la République Emmanuel Macron s’est rendu immédiatement à Nice où il a affirmé que la France était de nouveau attaquée. Dans le contexte international de mobilisation massive contre la France dans les États musulmans suite à la republication des caricatures de Mahomet par l’hebdomadaire satirique, ces propos laissent l’image d’une République française assiégée de toute part pour la défense de sa laïcité et de la liberté d’expression. L’agression d’un vigile devant le consulat de France de Djeddah en Arabie saoudite renforce ce sentiment. Le passage au niveau « alerte attentat » du plan Vigipirate et le déploiement de la réserve de l’opération Sentinelle pour atteindre 7 000 militaires déployés sur le territoire national consacrent la réponse de la puissance publique face à la répétition de ce type d’actes.
Toutefois, l’usage par les responsables politiques d’un vocabulaire général et utilisé indistinctement depuis plusieurs années pour désigner les attentats commis sous l’égide d’ Al-Qaïda et l’État islamique (EI) rend délicate l’analyse de ces attaques en les inscrivant d’emblée dans la continuité du terrorisme djihadiste. Or, ces attaques semblent relever d’une dynamique différente qui ne peut, par conséquent, conduire aux mêmes constats et se voir opposer les mêmes réponses.
État des lieux d’un contexte favorable à la radicalisation
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