La défaite militaire arménienne au Nagorno-Karabakh et le cessez-le-feu négocié par Moscou entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan soulignent le rôle retrouvé de la Russie dans le Caucase. Celle-ci rétablit une autorité certaine dans des pays satellites autrefois inclus dans l’URSS. Certes, des inconnus subsistent comme l’attitude d’Ankara ou de Téhéran, mais de façon claire, les pays occidentaux parties prenantes à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont été marginalisés dans cette crise. Moscou a su tirer avantage du calendrier avec des États-Unis aux abonnés absents. Cependant, il va falloir suivre l’évolution dans le Caucase des opinions publiques chauffées à blanc et pour lesquelles on ne voit pas de processus de réconciliation à court terme. L’arrivée de l’hiver va de toute façon paralyser toute velléité de reprendre les armes de la part des miliciens pro-arméniens de la province du Haut-Karabakh. Il n’en demeure pas moins que les haines risquent de durer longtemps.
The Armenian military defeat in Nagorno-Karabakh and the Moscow-brokered ceasefire between Armenia and Azerbaijan underscore Russia's newfound role in the Caucasus. This re-establishes a certain authority in satellite countries formerly included in the USSR. Certainly, unknowns remain, such as the attitude of Ankara or Tehran, but clearly, the Western countries involved in the Organization for Security and Cooperation in Europe (OSCE) have been marginalized in this crisis. Moscow was able to take advantage of the calendar with the United States with absent subscribers. However, we will have to follow the evolution in the Caucasus of white-hot public opinion and for which we do not see a process of reconciliation in the short term. The arrival of winter will in any case paralyze any desire to take up arms again on the part of the pro-Armenian militiamen in the province of Nagorno-Karabakh. The fact remains that the hatreds are likely to last for a long time.
Le 27 septembre 2020, le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour le contrôle du Haut-Karabakh a refait surface suite à une offensive militaire azérie, Bakou souhaitant récupérer ce territoire à majorité arménienne qui lui revient de jure depuis la fin de la guerre froide.
Le choix d’une offensive intervient au moment où les États-Unis sont en pleine période électorale et préfèrent éviter d’aborder ce sujet qui divise Républicains et Démocrates, ces derniers ayant une approche plus favorable à la reconnaissance du territoire. Pendant cette même période, le Kremlin doit faire face à deux crises dans sa périphérie, en Biélorussie et au Kirghizistan (tous les deux pour d’importantes contestations après des élections entachées d’accusation de fraudes), tandis que la baisse du prix des hydrocarbures laisse entrevoir des difficultés économiques en Azerbaïdjan.
Dès le début des hostilités le 27 septembre 2020, les troupes de Bakou parviennent à reprendre des positions sous le contrôle des séparatistes pro-Arméniens depuis la fin de la guerre de 1988-1994, en détruisant les chars T-72 et les véhicules blindés de transport de troupes (VTT) grâce aux drones israéliens qui confèrent un avantage stratégique aux Azéris. Après plus de six semaines de combats intenses, la victoire totale de Bakou semblait se profiler avec la reconquête de la ville haute de Susha/Sushi, le 8 novembre 2020.
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