Carte de l'Éthiopie (© Archives du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères - La Courneuve).
La crise actuelle en Éthiopie est inquiétante dans une région qui reste fragile avec des antagonismes anciens et profonds. L’option militaire n’est pas sans risque et la déstabilisation de la Corne de l’Afrique aurait des conséquences dramatiques alors même que les enjeux de développement économiques restent cruciaux.
The current crisis in Ethiopia is worrying in a region that remains fragile with old and deep antagonisms. The military option is not without risk and the destabilization of the Horn of Africa would have dramatic consequences even though the stakes of economic development remain crucial.
Souvent associée à des images de crise et de famine, l’Éthiopie a pourtant connu depuis le milieu des années 2000 une profonde évolution, d’abord économique et sociale avec un remarquable effort de développement, puis, pensait-on, politique avec l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abyi Ahmed en avril 2018. Cependant, trente mois plus tard, malgré la libéralisation de la vie politique, les réformes économiques et la paix retrouvée avec l’Érythrée, le soufflé semble retomber et l’espoir paraît à nouveau envolé alors que le pays est rattrapé par ses démons communautaires centrifuges. En effet, au terme de plusieurs mois de tensions et d’un blocage progressif du dialogue, le gouvernement fédéral éthiopien, réagissant à la saisie par les forces du Tigray’s People Liberation Front (TPLF) (1) des casernements et matériels de ses troupes stationnées au nord, a officiellement lancé son armée à la reconquête de l’État fédéré du Tigré, le 4 novembre.
Bien qu’éloignée de nos préoccupations immédiates, cette crise est à suivre de près, car elle a un fort potentiel de nuisance humanitaire et porte en germe un risque de tsunami régional en cas d’implosion du géant éthiopien. Et, quoi qu’il en soit, elle ne sert pas nos intérêts.
Les tensions actuelles sont nées d’un système politique à bout de souffle, fondé en 1991 sur le pari de la construction d’une Éthiopie soudée par le concept du fédéralisme ethnique : les principales ethnies ou des groupes gouvernant, chacun, un des états fédérés du pays. Malheureusement, cette idée se heurte depuis plusieurs années à des tensions intercommunautaires qu’elle tend à favoriser et qui se sont progressivement durcies depuis la mort, en 2012, du dirigeant historique, l’ancien Premier ministre Meles Zenawi.
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