Analyser le monde pour essayer de mieux le comprendre, telle est l’ambition des différents annuaires et atlas stratégiques publiés régulièrement à l’automne, offrant un panorama très complet des déchirures actuelles. Cette deuxième partie se concentre sur les atlas qui fournissent de nombreuses indications sur la situation du monde que ce soit dans les cartes ou dans les commentaires. Ces ouvrages se complètent utilement.
Parmi les annuaires et les atlas stratégiques 2021 - Le grand basculement (2/5) Tour d’horizon avec les atlas 2021 (T 1225)
© Royyimzy
Analyzing the world to try to understand it better, such is the ambition of the various directories and strategic atlases published regularly in the fall, offering a very comprehensive overview of current heartbreaks. This second part concentrates on the atlases which provide many indications on the situation of the world whether in the maps or in the commentaries. These books complement each other usefully.
Atlas géopolitique du monde global
Cette 4e édition (Armand Colin–Fayard, 160 pages) de l’atlas de Pascal Boniface (directeur et fondateur de l’Institut de relations internationales et stratégiques – Iris) et d’Hubert Védrine (ancien ministre des Affaires étrangères) avec ses 100 cartes permet de jeter un regard sur le monde chaotique. Il constate la fin du monopole du monde occidental, vu par l’intermédiaire de la part du PIB du G7 dans celui mondial, passée de 62 % en 1980, à 45 % en 2018. Pourtant, parmi les quinze premières économies mondiales, ces pays occupent, hors Chine, les huit premières places, et ne doit-on pas ajouter à ce G7, le Brésil (9e), la Corée du Sud (12e) et l’Australie (13e). On le voit, les limites du monde « occidental » ne sont pas toujours clairement définies. L’atlas fournit d’utiles indications sur les données globales (enjeux écologiques, eau, santé publique, hydrocarbures, inégalités Nord-Sud, population, migrations internationales, flux commerciaux, religions, tourisme, langues, criminalité, dissuasion et prolifération nucléaire, et enfin terrorisme), dont bon nombre sont reprises dans les annuaires. Il manque peut-être tout le secteur du numérique, du cyber, des nouvelles technologies (IA, 5G, robots et drones…).
Une série de cartes suggestives montre les diverses interprétations du monde global. La première est celle de la thèse de la communauté internationale. On connaît les réticences qu’Hubert Védrine n’a cessé d’exprimer vis-à-vis de ce concept, voici que la pandémie de la Covid-19 confirme son scepticisme. En effet, la conception « mondialiste globale » a du mal à prendre en compte les causes classiques des conflits et persiste à admettre la persistance des phénomènes identitaires. Les auteurs, en conclusion, vont même plus loin en mettant en doute le terme même de « Nations unies ». Peut-être celles-ci n’ont réellement jamais été unies – en dehors de moments privilégiés ou de causes largement partagées – mais le « système onusien », comme on l’appelle, ne demeure-t-il pas le seul forum mondial et, à cet égard, malgré toutes ses imperfections, il reste indispensable. La thèse du clash des civilisations a quelque consistance, même s’il convient d’en combattre bien des manifestations. Quant à la thèse du « monde unipolaire », bien qu’elle ait perdu beaucoup de sa consistance, Donald Trump s’y accrochait encore avec pour buts de maintenir la prépondérance américaine et d’imposer leur loi en acquittant les coûts minimums. C’est donc la thèse du « monde multipolaire » qui semble l’emporter, mais on a affaire à un triumvirat – États-Unis, Chine et Russie –, lui-même inégal, plutôt qu’à une véritable multipolarité, l’UE ne se positionnant pas comme un véritable pôle de puissance.
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