L’Europe est-elle une puissance trop naïve ? Est-elle même une puissance ou uniquement une association de pays aux ambitions trop divergentes pour avoir une ambition commune ? Après s’être contenté durant des années de se satisfaire d’un Soft Power bien aimable, l’Union européenne réalise peu à peu qu’elle doit affirmer sa position et renforcer son projet pour qu’elle conserve sa place sur l’échiquier international. Le rapport Schuman 2020 apporte ici des éclairages pertinents et appelle à un réveil indispensable, d’autant plus nécessaire que la pandémie a fragilisé le « Vieux Continent ». Toutefois, si l’on regarde vers le Moyen-Orient, l’agitation et les crispations restent fortes, avec des antagonismes non résolus mais avec de timides ouvertures cette année comme le rapprochement entre Israël et les États du Golfe. Car, de fait, le monde sunnite regarde toujours avec la plus grande inquiétude l’Iran. Téhéran pourrait cependant profiter de l’arrivée de la nouvelle administration Biden pour retrouver des espaces de dialogue.
Parmi les annuaires et les atlas stratégiques 2021 - Le grand basculement (4/5) Focus sur l’Union européenne et le Moyen-Orient (T 1227)
© Scaliger
Is Europe too naive a power? Is it even a power or only an association of countries with too divergent ambitions to have a common ambition? After being content for years to be satisfied with a very kind Soft Power, the European Union is gradually realizing that it must assert its position and strengthen its project so that it retains its place on the international chessboard. . The Schuman 2020 report sheds relevant light here and calls for an essential awakening, all the more necessary as the pandemic has weakened the "Old Continent". However, if we look towards the Middle East, the agitation and tensions remain strong, with unresolved antagonisms but with timid openings this year such as the rapprochement between Israel and the Gulf States. Because, in fact, the Sunni world is still watching Iran with the greatest concern. Tehran could, however, take advantage of the arrival of the new Biden administration to find spaces for dialogue.
Rapport Schuman sur l’Europe, l’état de l’union 2020
S’agissant de l’Europe, on se rapportera avec intérêt à ce rapport (Éditions Marie B, 264 pages), la synthèse la plus actuelle et la plus complète sur l’Europe dont une partie de statistiques forte d’une centaine de pages. Alain Lamassoure, député européen et ancien ministre des Affaires européennes, place un certain espoir sur la Convention sur l’avenir de l’Europe – Ramses y consacre une entrée fournie – qui doit déposer ses conclusions en 2022, sous présidence française. Il plaide pour un retour au système de nomination du Président(e) de la Commission, comme celui ou celle qui aurait emporté les élections européennes, ce qui lui conférerait une véritable légitimité démocratique – question vitale développée par ailleurs.
On trouvera dans cette synthèse maints éléments d’information sur le Brexit, le processus budgétaire, le Parquet européen, les élections européennes. S’agissant des questions économiques, l’Allemand Peter Altmaier et le Français Bruno Le Maire (ministre de l’économie de leur pays respectif) présentent un plan visant à construire ensemble une industrie européenne plus forte et plus compétitive à la hauteur des défis de notre temps qui repose sur quatre piliers : amélioration de l’environnement industriel ; soutien aux nouvelles technologies clés et nouvelles chaînes de valeurs stratégiques ; bâtir une industrie européenne plus forte et plus verte ; enfin, dernier élément clé, apporter un soutien à la transformation numérique de l’Europe. Beau programme en effet, mais rien n’est dit sur les moyens financiers, les programmes concrets, les rapprochements industriels, les marchés publics, les recherches.
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