Après la défaite de Donald Trump et la victoire de Joe Biden, la question de la relation États-Unis–Chine demeure. Entre compétition stratégique, rivalité géopolitique et interdépendance économique, la confrontation se poursuivra avec par exemple des dossiers chauds comme Taïwan ou encore la Corée du Nord et son armement nucléaire. Il est clair que les ambitions clairement affichées par Pékin et Xi Jinping provoquent désormais des inquiétudes y compris en Europe où certains États commencent à douter des bénéfices des nouvelles Routes de la Soie. Nul doute que 2021 ne verra pas d’atténuation des différends entre les deux superpuissances. D’autant plus que dans un cadre d’incertitude économique, la maîtrise des matières premières restera un enjeu entre pays producteurs et pays clients, même si la demande en hydrocarbures tend à diminuer désormais.
Parmi les annuaires et les atlas stratégiques 2021 - Le grand basculement (5/5) Rivalité sino-américaine, économie mondiale et matières premières (T 1228)
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After the defeat of Donald Trump and the victory of Joe Biden, the question of the United States-China relationship remains. Between strategic competition, geopolitical rivalry and economic interdependence, the confrontation will continue with, for example, hot issues such as Taiwan or North Korea and its nuclear weapons. It is clear that the ambitions clearly displayed by Beijing and Xi Jinping are now causing concern, including in Europe where some states are beginning to doubt the benefits of the new Silk Roads. No doubt that 2021 will see no easing of disputes between the two superpowers. Especially since, in a context of economic uncertainty, the control of raw materials will remain an issue between producer countries and client countries, even if the demand for hydrocarbons is now tending to decrease.
L’affrontement sino-américain : vers une nouvelle guerre froide ?
Que l’affrontement, de plus en plus dur, entre les États-Unis et la Chine constitue l’axe autour duquel évolueront les relations internationales dans les années à venir est un fait reconnu et analysé depuis quelques années. On a évoqué à ce propos le concept de Thucydide, mais la pandémie de la Covid-19 lui a conféré une dimension encore plus forte, comme vient de le montrer la récente réunion du « Quad », du 6 octobre à Tokyo. Le « Quadrilateral Security Dialogue », qui réunit les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie sous la bannière d’une « région Indo-Pacifique » « ouverte et libre », prend de plus en plus l’allure d’un front anti-Pékin. La presse officielle chinoise n’a d’ailleurs pas manqué de le dénoncer comme « un regroupement idéologique digne de la guerre froide visant à contenir la Chine » (Global Times). Ce qui ressort surtout, au-delà de l’aspect idéologique de cet affrontement, c’est que cette compétition, comme l’a souligné Thierry de Montbrial, porte sur la maîtrise des technologies de l’information et de la communication – à commencer par la 5G. C’est dire que la future hiérarchie des puissances se déterminera davantage par rapport à ce secteur. Cela implique aussi que chaque unité politique, au premier chef l’UE, devra se déterminer par rapport à la Chine. Au terme de son analyse, le directeur de l’Ifri conclut que nous devons nous préparer à un durcissement de la compétition sino-américaine qui contribuera à une démondialisation partielle et, au sein de l’Otan, à des pressions croissantes de Washington pour que les Européens choisissent leur camp. Pour sa part, dans L’année stratégique 2021, Pascal Boniface parle de rivalité Washington-Pékin, ce qui renvoie incidemment à la rivalité mimétique du philosophe René Girard : tout acteur a besoin d’un rival systémique pour exister.
Ramses analyse également les paradoxes de la puissance chinoise, laquelle oscille entre fragilisation interne et affirmation de force. Cette année, la Chine est la seule des grandes économies à ne pas subir une forte récession, et il semble bien, malgré toutes ses dissimulations, qu’elle est parvenue à maîtriser chez elle la pandémie en ayant notamment imposé le confinement total de 60 M d’habitants de la province de Hubei (province du centre-est de la Chine dont sa capitale, Wuhan, a été l’épicentre de la pandémie).
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