Les Émirats arabes unis ont connu très récemment des succès techniques et politiques très intéressants démontrant une volonté commune d’incarner la modernité. Le dynamisme économique et une certaine sagesse diplomatique renforcent la position stratégique des EAU dans un environnement régional à la fois complexe et fragile. La voie du développement et de l’ouverture – qu’il faudra conforter à l’avenir – semble prometteuse et porteuse de stabilité dans le golfe Arabo-Persique.
L’été émirien : des premières retentissantes (T 1229)
Sonde émirienne Al-Almal
The United Arab Emirates have quite recently experienced very interesting technical and political successes demonstrating a common desire to embody modernity. Economic dynamism and a certain diplomatic wisdom strengthen the strategic position of the UAE in a regional environment that is both complex and fragile. The path of development and openness - which will have to be reinforced in the future - seems promising and brings stability to the Arabian Gulf.
Notre préliminaire : une version de cet article a été préalablement publiée sur le site de l’association Sciences Po Défense et Stratégie en septembre 2020.
Hasard du calendrier ou agenda politique soigneusement préparé ? Il est en tout cas remarquable que les Émirats arabes unis (EAU) aient, par trois fois, fait la une de l’actualité internationale en l’espace de quelques semaines. Tout a commencé le 19 juillet 2020, lorsque décollait depuis le Japon la sonde émirienne Al Amal (« L’espoir ») à destination de l’orbite martienne (1). Ce sont moins ses missions futures – à savoir l’étude de l’atmosphère et du climat martiens – qui ont attiré l’attention que le simple fait qu’un État si petit (9,5 millions d’habitants dont moins de 20 % de nationaux) et si peu connu pour ses exploits extra-atmosphériques peut mener une telle mission. Les EAU n’ont néanmoins pas travaillé seuls sur ce projet d’exploration spatiale puisqu’Al Amal a été conçue en étroite collaboration avec le laboratoire de physique atmosphérique et spatiale rattaché à l’Université du Colorado et lancée par un lanceur moyen japonais H-IIA. La date de ce lancement a obéi à l’impératif pratique posé par les limites d’une fenêtre de tir vers Mars dont ont également profité les missions chinoise Tianwen 1 (« Question au ciel ») le 23 juillet et américaine Mars 2020 le 30 juillet, installant symboliquement les EAU au même rang que les deux puissances mondiales.
Le feuilleton émirien s’est poursuivi le 1er août 2020 quand fut annoncée la mise en service du premier des quatre réacteurs nucléaires de la centrale de Barakah (250 km à l’ouest d’Abou Dabi) (2). Construite par un consortium comprenant l’Emirates Nuclear Energy Corporation et surtout le Sud-Coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), la première centrale nucléaire du monde arabe répondra d’ici 2021 à 25 % des besoins énergétiques nationaux en électricité (3). Son couplage au réseau émirien est annoncé le 19 août.
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