Le rapport annuel sur la piraterie maritime confirme certaines tendances de fond comme la dangerosité du golfe de Guinée ou le brigandage dans la zone des détroits de Malacca et de Singapour. Ces zones hélas connues font l’objet d’une surveillance accrue mais celle-ci n’empêche pas ces actes souvent violents visant à obtenir des rançons ou à vendre des marchandises capturées illicitement. Lutter contre la piraterie nécessite des moyens nautiques notamment mais aussi une meilleure coordination entre tous les acteurs comme les États mais aussi les armateurs et les équipages des bateaux convoités. Les progrès sont réels mais doivent se poursuivre face à un fléau quasi aussi vieux que la navigation elle-même.
Piraterie et brigandage maritimes dans le monde - Rapport 2020 (T 1237)
Photo : Eunavfor.eu
The annual report on maritime piracy confirms certain basic trends such as the dangerousness of the Gulf of Guinea or robbery in the area of the Straits of Malacca and Singapore. These unfortunately known areas are subject to increased surveillance, but this does not prevent these often-violent acts aimed at obtaining ransoms or selling illegally captured goods. Fighting against piracy requires nautical means in particular, but also better coordination between all the actors such as the States but also the shipowners and the crews of the coveted boats. Progress is real but must continue in the face of a scourge almost as old as navigation itself.
En réponse aux menaces qui affectent la sûreté des espaces maritimes et la sécurité des marins, la Marine nationale s’est dotée en 2016 d’un Centre d’information maritime, de coordination et d’alerte, le MICA Center, chargé de soutenir les armateurs, les compagnies et les acteurs maritimes. L’instauration d’échanges réguliers avec des centres partenaires et la consolidation de réseaux d’interlocuteurs, à travers le monde, ont permis au Maritime Information Cooperation & Awareness Center d’acquérir un savoir-faire internationalement reconnu et apprécié. Ses publications régulières contribuent à l’analyse de la situation sécuritaire maritime mondiale. Établies sur la base d’objectifs communs, ces relations de confiance permettent au MICA Center de Brest d’assurer une veille permanente et de diffuser une alerte de sûreté, en temps réel, à destination de navires de commerce ou d’exploitants dont les unités sont amenées à traverser des espaces maritimes perturbés par des agissements criminels.
Comme l’indique dans sa préface le capitaine de corvette Gilles Chehab, commandant du MICA Center, celui-ci vient de faire « paraître la deuxième édition de son bilan annuel sur la piraterie et le brigandage maritimes. Très attendu par la communauté maritime, ce document doit sa richesse et sa précision au travail conséquent de tous les contributeurs qui, tout au long de l’année, ont traité, compilé et fusionné des données en provenance du monde entier ».
Comme le souligne en introduction du rapport l’amiral Vandier, Chef d’état-major de la Marine (CEMM), l’année 2020 restera marquée par la pandémie du coronavirus. Le développement brutal et planétaire d’une crise sanitaire est venu souligner la vulnérabilité intrinsèque des sociétés humaines, mais aussi l’extrême dépendance de l’économie mondiale au transport maritime. « En première approche, les experts de l’ONU estiment que le trafic maritime global a subi une contraction d’au moins 4 % » sur l’année, alors qu’il connaît habituellement une croissance de l’ordre de 5 %.
À défaut d’atténuer l’engagement des pirates et des brigands dans leurs activités illicites , la crise sanitaire aura contribué à son maintien, un peu partout dans le monde, en venant accentuer encore les difficultés socio-économiques. Au cours de l’année 2020, on observe globalement une tendance à la hausse de l’insécurité dans le domaine maritime, avec 375 actes reportés (360 en 2019).
En dépit des efforts du Nigéria et des États riverains, le golfe de Guinée demeure la zone la plus dangereuse du monde et enregistre toujours de nombreux incidents accompagnés d’actions violentes et de kidnappings. Les actes de piraterie (114 en 2020) s’y développent désormais du Ghana à la Guinée équatoriale. En Asie du Sud-Est, le brigandage s’accroît également, à commencer dans les détroits de Singapour et de Malacca, avec un brigandage endémique. L’amiral Vandier relève aussi que « Le nombre d’actes de brigandage en Amérique latine reste élevé à l’encontre du commerce maritime et de la navigation de plaisance » (il y a d’ailleurs plus de cas qu’en Asie).
L’échange d’information et le renforcement de la coopération entre les acteurs des communautés maritimes, nationale et internationale, sont indispensables pour assurer la sécurité et la liberté de navigation sur toutes les mers du globe. ♦