Drapeau de l'Iran (© Joe Klamar / AFP)
La question nucléaire iranienne est clairement un des dossiers prioritaires pour la diplomatie américaine et conditionne, en réalité, tout développement de la situation au Moyen-Orient.
Le président Biden a en effet fait part de son intention de reprendre le dialogue avec Téhéran et de rejoindre l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action, JCPoA) à certaines conditions.
The Iranian nuclear issue is clearly one of the priority issues for American diplomacy and conditions, in reality, any development of the situation in the Middle East.
President Biden has indeed announced his intention to resume dialogue with Tehran and to join the Vienna agreement on Iranian nuclear power (Joint Comprehensive Plan of Action, JCPoA) under certain conditions.
La question nucléaire iranienne est clairement un des dossiers prioritaires pour la diplomatie américaine et conditionne, en réalité, tout développement de la situation au Moyen-Orient.
Le président Biden a en effet fait part de son intention de reprendre le dialogue avec Téhéran et de rejoindre l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (Joint Comprehensive Plan of Action, JCPoA) à certaines conditions. Les Iraniens, pour leur part, sont dans une situation économique catastrophique et souhaitent, avant tout, pouvoir à nouveau exporter leur pétrole. Quant aux Israéliens et aux Saoudiens, ils sont inquiets à la perspective d’un retour éventuel à la politique Obama et font pression pour que Washington adopte une politique ferme dans une future négociation (1).
Dans ce cadre général, quatre questions se posent.
1) Quelle sera l’attitude de Téhéran ?
On constate actuellement que les Iraniens font monter la pression : ils ont commencé à produire de l’uranium métal ; ils ont apparemment repris leur coopération avec la Corée du Nord en matière de missiles à longue portée (2) ; et ils augmentent la portée opérationnelle de leurs drones suicides.
S’agit-il de se donner des leviers supplémentaires dans la future négociation, ou est-ce le début d’une fuite en avant, en s’inscrivant dans la perspective d’une compétition américano-chinoise ?
La première option paraît actuellement la plus vraisemblable, mais Téhéran garde ouverte la seconde option en cas d’échec de la négociation.
2) Y a-t-il une alternative à la négociation ?
Aujourd’hui, sur le fond, les États-Unis, l’Europe, Israël et l’Arabie saoudite ont un objectif proche : parvenir à un JCPoA amélioré, encadrer le développement des missiles et des drones iraniens, et trouver un arrangement régional susceptible de rassurer les pays du Golfe ainsi qu’Israël quant aux ambitions de Téhéran au Moyen-Orient.
Mais le régime iranien semble peu enclin à compromettre sur ces différents points et compte sur son habileté négociatrice pour limiter au maximum ses concessions. La négociation s’annonce donc très difficile, avec heureusement un garde-fou : personne aujourd’hui ne souhaite une confrontation militaire qui serait catastrophique pour tout le monde.
3) Quelles sont les lignes rouges américaines ?
À ce stade, elles ne paraissent pas encore définies. On sait que Biden est un vieil ami d’Israël, mais Tel Aviv se méfie de la position du parti Démocrate sur l’Iran.
Les Israéliens – soutenus par les Saoudiens – mettent en garde Washington contre « le piège de l’urgence » tendu par les Iraniens, c’est-à-dire la nécessité de donner des gages avant la présidentielle iranienne du 18 juin (3). Pour eux, la seule façon de ramener Téhéran à la raison est de pratiquer le diptyque « pression et patience ».
D’autres – notamment les Russes et les Chinois – soutiennent, au contraire, qu’il convient d’aider les éléments modérés à Téhéran par certaines « mesures de confiance » qui faciliteraient le démarrage de la négociation.
Le choix que fera l’administration Biden sera donc déterminant.
4) Que peuvent faire la France et les Européens ?
Il est clair que la France aimerait jouer un rôle (4) en poursuivant ses efforts pour orchestrer – comme elle a déjà tenté de le faire au G7 de Biarritz et à l’Assemblée générale des Nations unies – un rapprochement entre responsables iraniens et américains.
Les Européens ont, par ailleurs, été actifs pour préserver l’accord nucléaire durant la présidence Trump et sont légitimes à participer pleinement aux futures négociations, si elles s’enclenchent comme ils l’espèrent. Leur approche est de promouvoir un accord par étapes en commençant par un retour à l’accord de Vienne et, par ailleurs, en associant d’une façon ou d’une autre les pays du Golfe et Israël, dont les préoccupations doivent être prises en compte.
Naturellement, les Iraniens résisteront sur ce dernier point et ils privilégieront certainement une négociation officieuse parallèle avec les États-Unis.
D’où la nécessité pour les Européens d’une bonne coordination avec les États-Unis, mais aussi d’une étroite concertation en amont avec les pays du Golfe et Israël, afin de jouer tout leur rôle dans la négociation.
La France, qui est sans doute le pays européen le plus actif sur le plan politique au Moyen-Orient, a vocation à entraîner ses partenaires européens dans cette mission essentielle pour tenter de stabiliser cette région stratégique. ♦
(1) Mardam Bey Soulayma, « Le chemin sinueux vers des négociations irano-américaines », L’Orient - Le Jour, 17 février 2021 (www.lorientlejour.com/).
(2) Lagneau Laurent, « L’Iran et la Corée du Nord sont soupçonnés d’avoir repris leur coopération dans le domaine des missiles », Zone Militaire - Opex 360, 9 février 2021 (www.opex360.com/).
(3) Mardam Bey Soulayma, « 2021, une année décisive pour l’Iran », L’Orient - Le Jour, 20 janvier 2021 (www.lorientlejour.com/).
(4) Robert Virginie, « Macron s’offre comme médiateur avec l’Iran », Les Échos, 4 février 2021.