L’arme nucléaire est le résultat de la confrontation entre sciences et stratégie avec pour sa création l’urgence de la situation poussant les États-Unis à construire le programme Manhattan. Cette dimension historique reste importante pour comprendre le développement de la Bombe, symbole du risque suprême, mais aussi de la capacité à dissuader et donc à empêcher la guerre. Arme non tirée à l’exception des deux frappes sur le Japon à l’été 1945, mais arme de fait employée dans la gestion de crises comme Suez, Cuba ou encore la guerre du Kippour. D’où l’intérêt de cet ouvrage apportant des éclairages essentiels pour comprendre les enjeux aujourd’hui autour de la Bombe.
Parmi les livres – La bombe atomique, de Hiroshima à Trump (T 1263)
The nuclear weapon is the result of the confrontation between science and strategy with for its creation the urgency of the situation pushing the United States to build the Manhattan program. This historical dimension remains important for understanding the development of the Bomb, a symbol of supreme risk, but also of the ability to deter and therefore prevent war. Weapon not fired with the exception of the two strikes on Japan in the summer of 1945, but weapon in fact used in the management of crises such as Suez, Cuba, or the Yom Kippur War. Hence the interest of this work providing essential insights to understand the issues today around the Bomb.
Dans cet ouvrage (Passés/Composés, 2021, 318 pages), Jean-Marc Le Page, chercheur associé à l’EA Tempora de l’Université de Rennes 2, passe en revue les grandes étapes de l’histoire nucléaire, de son apparition, jusqu’aux gesticulations nord-coréennes et à l’Iran, qui, en définitive, n’a peut-être jamais renoncé à acquérir un jour l’arme suprême.
Les grands événements de la bombe atomique
La genèse lors de la Seconde Guerre mondiale
La première étape, qu’il dénomme « le péché originel » est l’apparition de la bombe, une histoire maintes fois contée, mais toujours riche d’enseignement. C’est le 2 août 1939 que débute l’ère atomique lorsque les physiciens Leó Szilárd et Eugene Wigner rédigent la lettre à laquelle se joint Albert Einstein. Adressée au président américain Franklin D. Roosevelt, elle l’avertit que des travaux scientifiques récents permettent d’envisager la réalisation de « bombes d’un nouveau type et extrêmement puissantes » en déclenchant une réaction en chaîne avec de grandes quantités d’uranium. Ses rédacteurs suggèrent que les États-Unis acquièrent des stocks de minerai d’uranium dans le but d’accélérer les travaux de recherche, menés jusque-là par Enrico Fermi, physicien italien ayant fui aux États-Unis. Franklin D. Roosevelt demande alors la constitution d’un comité consultatif pour l’uranium qui confirme qu’il « pourrait être la source possible de bombes avec une puissance de destruction largement supérieure à tout ce que nous connaissons ».
On s’est longtemps demandé si l’emploi de la bombe, d’abord à Hiroshima (6 août 1945) puis à Nagasaki (9 août 1945), avait été vraiment nécessaire pour faire fléchir le Japon [NDLR : il signe sa capitulation le 2 septembre 1945] et si la fulgurante offensive de l’Armée rouge en Mongolie (à partir du 9 août), contre la puissante armée du Kwantung [Guandong], n’avait pas également joué un rôle. S’agissant d’un acte fondateur ouvrant une nouvelle ère dans l’histoire des conflits, cette question est examinée avec un soin particulier par Jean-Marc Le Page.
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