La Chine est en pleine mutation avec la revendication d’un nouveau leadership économique et désormais géopolitique. Pour répondre à ces défis, cela exige de connaître et de comprendre les évolutions du système chinois mais aussi ce qui constitue les fondamentaux spécifiques à la culture et à la civilisation chinoise. Cette démarche est indispensable pour mieux appréhender la complexité des transformations conduites sous l’autorité brutale du Parti communiste chinois qui est au cœur du fonctionnement du pays.
Les transformations de la Chine contemporaine (2/2) Le pilotage (T 1267)
Xi Jinping (photo : Jean-Marc Ferré)
China is changing with the claim of a new economic and now geopolitical leadership. To meet these challenges, this requires knowing and understanding the evolutions of the Chinese system but also what constitutes the fundamentals specific to Chinese culture and civilization. This approach is essential to better understand the complexity of the transformations carried out under the brutal authority of the Chinese Communist Party, which is at the heart of the functioning of the country.
Tout particulièrement en régime autoritaire, le poids des hommes compte. Dans le cas de la Chine, la personnalité de Mao Zedong fut omniprésente sans que les échecs du Grand bond en avant et les dérives de la Révolution culturelle ne remettent pas en cause sa prééminence. Il s’agit en outre de gouverner 1,4 Md d’habitants et la méthode y est en général brutale. Pour des raisons de politique intérieure notamment, les ressorts idéologiques du régime visent enfin aujourd’hui à faire la synthèse entre l’héritage communiste et le retour en force de la tradition confucéenne.
Le poids des hommes
De l’installation du PCC au pouvoir en Chine en octobre 1949 à la mort de Mao Zedong en 1976, le sommet de la hiérarchie communiste a été nettement dominé par la personnalité de ce dernier. Praticien d’un populisme d’extrême-gauche, il était attaché au culte de sa personnalité et excellait dans l’art de la volte-face après avoir forcé ses protagonistes, notamment droitiers, à se démasquer pour mieux les accuser ensuite. Ceci donna notamment lieu à la répression du mouvement des 100 fleurs de 1957 ainsi qu’aux attaques plus personnelles contre Peng Dehuai en 1957, Liu Shaoqi en août 1966 et Deng Xiaoping une première fois en août 1966 et une seconde fois à la fin de l’année 1975. À côté de Mao Zedong, le cercle des dirigeants de la première génération ayant fait la Longue marche était composé – notamment – de Liu Shaoqi, Peng Dehuai et Zhou Enlai. S’y agrégea par la suite une seconde génération de hauts responsables avec notamment Lin Piao, Deng Xiaoping puis Hua Guofeng que Mao Zedong désigna comme son successeur après la fuite de Lin Piao et qui lui succéda à sa mort en 1976.
Plusieurs raisons président à la destitution de Hua Guofeng en 1978. Se présentant comme l’héritier de Mao Zedong, Hua Guofeng lança en 1976 un programme de grands travaux aussi ambitieux qu’irréaliste et dut faire face à un vaste mouvement de contestation sociale, tant en ville que dans les campagnes en réaction aux 20 ans de stagnation du niveau de vie des populations. Dans le même temps, une contestation du principe même de l’infaillibilité de Mao Zedong l’affaiblit d’autant au sein de la direction du PCC. À partir de 1980, une nouvelle équipe s’installa au pouvoir. Au sommet de la hiérarchie, Deng Xiaoping fut nommé président de la Commission militaire centrale qui constitue le cœur du pouvoir suprême en Chine. À ses côtés, le poste de secrétaire général du Comité central fut dévolu à Hu Yaobang et le poste de Premier ministre à Zhao Zeyang. Ceux-ci constituent la troisième génération et n’ont pas connu la Longue marche.
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