L’un des quatre bombardiers B-1B Lancer projetés par l'US Air Force en Norvège dans le cadre d'un exercice de l'Otan est cloué au sol et n'a pas pu repartir. La faute à une négligence humaine qui coûte cher, tant matériellement que dans l'impact médiatique recherché dans ce bras de fer contre la Russie.
B-1B en Norvège – épisode 2 : l’un des quatre bombardiers Lancer bloqué au sol (T 1270)
B-1B Lancer de l’US Air Force sur la base de Bodø (© MoD Norway)
One of the four B-1B Lancer bombers flown by the US Air Force in Norway as part of a NATO exercise is grounded and unable to leave. Blame it on human negligence, which is costly, both materially and in the media, impact sought in this showdown against Russia.
C’est « l’accident bête ». Alors que le déploiement touchait à sa fin, l’un des quatre bombardiers B-1B Lancer projetés en Norvège (cf. notre article du 15 avril) a été victime d’un grave incident provoqué par une maladresse lors d’opérations au sol. À l’origine, si l’on en croit Air & Cosmos (Marek Kaminsky, 19 avril 2021), la négligence de l’un des personnels de maintenance. Selon notre confrère aéronautique, une tablette numérique aurait été ingérée par l’un des quatre réacteurs, entraînant alors de très sérieux dommages. Si l’on ne connaît pas les circonstances exactes, c’est inouï à ce stade de l’exigence opérationnelle ! L’addition est salée : outre le coût des réparations (changement de deux réacteurs ?) et le retrait d’un appareil du cycle des opérations, le commandant de l’escadron de maintenance a été relevé de son poste dès le 29 mars dernier. L’ordre est venu de son Wing Commander. Forcément un mauvais point au bilan du déploiement des B-1B en Norvège conduit au titre de l’exercice Amalgam Dart 21-2 dans le secteur nord de l’Otan. Ainsi posté au voisinage du cercle polaire, le dispositif de B-1B, réduit alors à trois vecteurs, avait vocation à montrer la détermination de Washington dans le bras de fer engagé avec la Russie à ses frontières.
Comme nous l’indiquions dans notre précédent article, ce dispositif de quatre B-1B Lancer, des appareils rattachés au 7th Bomb Wing, venus de leur base au Texas est une première. Avec un avion bloqué au sol suite à une erreur humaine, l’effet médiatique recherché en Norvège est incontestablement altéré. Notons que les B-1B, bien qu’ils soient affectés au Global Strike Command sont affectés exclusivement aux frappes conventionnelles (bombes guidées laser et GPS, missiles de croisière et antinavires). Les exercices se sont poursuivis avec les trois appareils restants, sachant qu’en situation d’urgence, l’US Air Force aurait su très vite remplacer l’appareil indisponible par un renfort puisé dans son parc de B-1B, 62 machines tout de même. Les équipages ont profité de cet exercice de projection pour se confronter aux environnements polaires de la Norvège, tout en exécutant des entraînements à l’appui air-sol avec des équipes d’observateurs avancés et des ravitaillements en vol avec les Boeing KC-135 Stratotanker du 100th Air Refueling Wing de Mildenhall Air Base en Angleterre. Pour leur part, les F-16 de l’Otan ont conduit des missions d’escorte, comme ils auraient eu à le faire en situation de conflit. Soulignant la mobilité stratégique du B-1B, l’un des 4 bombardiers temporairement sur la base d’Ørland a rallié, le 12 avril, la mer Égée, zone de tensions entre la Grèce et la Turquie, non loin de l’Ukraine, avant de mettre le cap sur les États-Unis.
Depuis le début de l’année, la zone nord de l’Otan est le théâtre de multiples rencontres avec les forces russes et de démonstration de forces. Par exemple, en mer de Barents, le 29 janvier 2021, un Falcon 20 norvégien d’entraînement à la guerre électronique a été rejoint par un intercepteur MiG-31 Foxhound des forces aériennes russes. Selon un article de Sputnik News du lendemain, il s’agissait d’un avion de renseignement électronique. « On a frôlé l’incident. » L’avion de l’Otan se serait rapproché d’un peu trop près de l’espace aérien russe. Plus récemment et en guise de réponse aux manœuvres aériennes de l’Otan, le 29 mars, trois sous-marins lance-missile russes perçaient la calotte glaciaire en un mouvement d’ensemble parfaitement orchestré, les trois vaisseaux n’étant distants l’un de l’autre que de 300 mètres (cf. l’article de Laurent Lagneau du 27 mars 2021, Opex360.com). Belle performance de précision et c’est ainsi d’une belle manière que la marine russe a manifesté sa présence sur le flanc nord de l’Otan et, tout autant sa maîtrise des opérations dans les grands froids de l’Arctique.
Côté USAF, sauf retournement des diplomaties vers plus d’apaisement, orientation peu probable à court terme, d’autres équipages de B-1B Lancer viendront en Norvège se familiariser aux conditions extrêmes du théâtre nordique et ainsi délivrer leur message de dissuasion. ♦