De la stratégie iranienne dans les négociations sur le nucléaire, 100 jours après l'élection de Joe Biden, et après l'actualité récente de reprise des tensions autour de ce dossier.
La Taqîya nucléaire de l’Iran (T 1274)
(© Adobe Stock)
About Iranian strategy in nuclear negotiations, 100 days after the election of Joe Biden, and after the recent news of renewed tensions around this issue.
La limitation voulue par l’Iran des inspections effectuées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), survenue entre janvier et février 2021, l’adoption de la loi intitulée « Plan d’action stratégique pour la levée des sanctions et la protection des intérêts du peuple iranien », adoptée par le Parlement iranien le 23 février, l’enrichissement de 55 kg d’uranium à hauteur de 20 % pour un taux annuel de 120 kg qui permettra à l’Iran d’atteindre son objectif en huit mois (1) selon le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), sans compter l’opérationnalisation de cent soixante-quatre centrifugeuses semi-industrielles IR-6 injectées avec du gaz sur le site nucléaire de Natanz (2), le 13 avril 2021, avant de connaître une cyberattaque sur le circuit électrique de l’usine d’enrichissement de Natanz, imputée aux Israéliens par les Iraniens, le 11 avril 2021, et la volonté iranienne de désormais enrichir à hauteur de 60 %, posent la question toujours éludée du stade d’avancée auquel le programme nucléaire iranien se trouve actuellement.
Présenté comme programme nucléaire civil depuis les prémisses de sa découverte en 2003, si l’on en croit les déclarations du Guide Suprême de la République islamique d’Iran relayée sur le site officiel de l’OIEA : « la République islamique d’Iran considère l’emploi d’armes nucléaires et chimiques comme un péché capital et impardonnable » (3), les récentes évolutions du programme nucléaire iranien et les déclarations du porte-parole de la diplomatie iranienne, Saeed Khatibzadeh : « “toutes les centrifugeuses qui (ont été endommagées) étaient du type IR-1” (c’est-à-dire de première génération), a-t-il précisé. “Faites savoir à tout le monde qu’elles seront assurément remplacées par des machines plus avancées” » (4) au sujet de la cyberattaque du 11 avril 2021, ne sont pas sans relancer le débat sur la nature exacte du programme.
La cyberattaque du complexe nucléaire de Natanz fait place à une ambition nucléaire clairement affichée comme en témoigne la volonté iranienne du 14 avril 2021 d’enrichir désormais à hauteur de 60 %. En réalisant ce pourcentage d’enrichissement, l’Iran se trouve à 56,33 % au-dessus du seuil maximal d’enrichissement de 3,67 % fixé par l’accord de Vienne de 2015, et à 30 % en-dessous du seuil des 90 % au-delà desquels la nature des activités nucléaires de tout programme devient militaire. Les derniers renseignements militaires israéliens fixent à « un peu moins de deux ans, en prenant en compte non seulement la production d’uranium hautement enrichi (cumulable en quelques mois), mais aussi l’assemblage effectif d’une ogive et d’un propulseur » (5), l’accès de l’Iran à une arme atomique.
Il reste 75 % de l'article à lire