Le pouvoir centrafricain s’est tourné vers la Russie, froissant au passage la France, l’ancien protecteur historique. Au palais présidentiel, des conseillers russes ont fait leur apparition, tandis que des combattants recrutés par l’entreprise de sécurité privée Wagner investissent l’appareil sécuritaire. C’est le début d’une nouvelle ère à Bangui.
La présence russe à Bangui : une nouvelle ère pour le pouvoir centrafricain (T 1287)
Centre-ville de Bangui (© Alllexxxis via WikiCommons)
Central African power has turned to Russia, offending France, the former historical protector, in the process. At the presidential palace, Russian advisers have appeared, while fighters recruited by the private security company Wagner invest the security apparatus. It is the beginning of a new era in Bangui.
Le pouvoir centrafricain s’est tourné vers la Russie, froissant au passage la France, l’ancien protecteur historique. Au palais présidentiel, des conseillers russes ont fait leur apparition, tandis que des combattants recrutés par l’entreprise de sécurité privée Wagner investissent l’appareil sécuritaire. C’est le début d’une nouvelle ère à Bangui.
D’une superficie d’environ 623 000 km² et 4 600 000 habitants (2020), la République centrafricaine (RCA) bascule dans la guerre civile au début des années 2010. Une coalition, à majorité musulmane, la Séléka, se forme pour faire tomber le président François Bozizé. Elle y parvient en mars 2013. Les combats contre l’armée soutenue par l’Afrique du Sud, mais aussi contre les rebelles animistes et chrétiens anti-balakas, soutiens de François Bozizé, font entre 3 000 et 6 000 morts, et poussent près du quart de la population à l’exil (1). La France intervient via la force Sangaris (2) à la fin de l’année 2013. En 2014, l’ONU s’installe dans le pays, à travers la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en RCA (Minusca), dont le mandat (Résolution n° 2149 du 10 avril 2014) est de stabiliser la situation dans les principales agglomérations et contribuer au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays. À ce jour, le pays reste divisé. Certes, un président, Faustin Archange Touadéra, a été élu en 2016 et réélu en décembre 2020, mais les deux-tiers de la RCA échappent toujours au pouvoir central.
À l’approche des élections présidentielles et législatives de décembre 2020, le pays a sombré dans l’extrême violence. L’exclusion du scrutin de l’ex-président François Bozizé a ravivé les tensions et occasionné des combats entre fractions armées coalisées et forces pro-gouvernementales. Déterminants, les apports du Rwanda, mais surtout de la Russie (désormais présente à travers les troupes), ont contribué à ramener l’accalmie dans la capitale.
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