La transformation de l’opération Barkhane doit permettre à la France d’agir autrement et de retrouver des marges de manœuvre. Cela passe par une appropriation accrue par les pays de la région des enjeux sécuritaires et pour le Mali par le besoin de créer un État-nation, ce qu’il n’est pas actuellement. C’est donc une phase clairement politique qui doit s’ouvrir. Il faut également mieux associer les populations sahéliennes au contrôle de leurs propres espaces de vie pour marginaliser les groupes armés terroristes. Toutefois, il faut bien admettre que les tensions intermaghrébines jouent un rôle dans la fragilité de la zone du Sahel et que peu de solutions apparaissent actuellement au nord du Sahara.
Analyses initiales et perspectives régionales post-Barkhane (T 1291)
The transformation of Operation Barkhane should allow France to act differently and regain flexibility. This requires increased ownership by the countries of the region of security issues and for Mali by the need to create a nation-state, which it does not currently exist. It is therefore a clearly political phase that must begin. It is also necessary to better associate the Sahelian populations with the control of their own living spaces in order to marginalize the armed terrorist groups. However, it must be admitted that inter-Maghreb tensions play a role in the fragility of the Sahel zone and that few solutions are currently emerging north of the Sahara.
La veille du coup de force du 24 mai, La Vigie a présenté au Forum de Bamako une analyse et les recommandations sur la sécurité au Mali que voici. L’évolution de la situation depuis lors (dossier Mali) a donné un relief particulier à ces préconisations au regard des projets prêtés au colonel Goïta (tribune 1) et des calculs probables de l’imam Mahmoud Dicko (tribune 2).
Analyse sécuritaire du Mali dans la sous-région au printemps 2021
La situation qui prévaut au cœur de la région saharienne est celle d’une transition politique rapide entre des pouvoirs anciens et affirmés qui ont été éliminés, au Mali, au Niger et au Tchad, et des équipes de transition ou de remplacement à base militaire arrivées pour exercer par défaut un pouvoir transitionnel.
Au Mali où l’essentiel des problèmes sécuritaires se focalise aujourd’hui dans la « zone des trois frontières », la situation est critique avec une tension vive exercée par des groupes armés que les forces extérieures de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, déployée depuis 2013) et de Barkhane n’arrivent pas à contrer. Un sentiment d’échec prévaut. Au Nord du Mali, les trois pays du Maghreb central connaissent un regain de tension focalisé sur le Sahara occidental à l’Ouest et la décomposition libyenne à l’Est. Les causes sont d’abord domestiques et à rechercher en Algérie et au Maroc. Dans ces trois pays, les structures politiques sont fragiles et la pression islamiste est forte. Au Sud du Mali, l’instabilité tend à se propager aux pays côtiers limitrophes et à se raccorder à la forte criminalité qui s’est enracinée dans le golfe de Guinée.
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