Il y a 80 ans, la Wehrmacht, alors au faîte de sa puissance, lançait l’opération Barbarossa visant à attaquer l’URSS, malgré le Pacte germano-soviétique signé à Moscou le 23 août 1939. Hitler, persuadé après la victoire contre la France au printemps 1940 et malgré l’échec face au Royaume-Uni durant la Bataille d’Angleterre, de la supériorité allemande, engageât les troupes du IIIe Reich dans un piège qui se révéla mortel. Certes, une partie du commandement de l’Armée rouge avait été décapitée par les purges staliniennes, mais la profondeur stratégique et l’abondance de la ressource humaine – sacrifiée sans état d’âme – allaient permettre à l’URSS de renverser la situation. La Wehrmacht sut obtenir de brillants succès tactiques notamment à l’été 1941 mais il manquait un plan stratégique. Hitler avec cette opération se lançait dans une lutte idéologique contre le communisme et les populations slaves sans avoir effectué une véritable analyse géopolitique des rapports de force.
22 juin 1941 : opération Barbarossa (T 1292)
Blindés allemand en Pologne en juin 1941 (© Bundesarchiv)
80 years ago, the Wehrmacht, then at the height of its power, launched Operation Barbarossa aimed at attacking the USSR, despite the German-Soviet Pact signed in Moscow on August 23, 1939. Hitler, persuaded after the victory against the France in the spring of 1940 and despite the failure against the United Kingdom during the Battle of Britain, of German superiority, engaged the troops of the Third Reich in a trap which proved to be deadly. Admittedly, part of the command of the Red Army had been decapitated by the Stalinist purges, but the strategic depth and the abundance of human resources – sacrificed without qualms – would allow the USSR to reverse the situation. The Wehrmacht was able to achieve brilliant tactical successes, particularly in the summer of 1941, but it lacked a strategic plan. Hitler with this operation embarked on an ideological struggle against communism and the Slav populations without having carried out a real geopolitical analysis of the balance of power.
Cent vingt-neuf ans, jour pour jour après le franchissement du Niémen par la Grande Armée, l’Allemagne nazie attaquait l’Union soviétique, sans tension diplomatico-militaire préalable et alors que les relations entre les deux pays se trouvaient régies par le Pacte de non-agression, signé pour dix ans, par les deux ministres des Affaires étrangères, Viatcheslav Molotov et Joachim von Ribbentrop à Moscou le 23 août 1939. S’il est vrai que 80 % des pertes allemandes de la guerre auront été subies sur le Front de l’Est, il n’est pas exagéré d’estimer que ce théâtre constitua la zone d’opérations principale du conflit et, partant, que Barbarossa devait constituer l’opération majeure de la Second Guerre mondiale : opération strictement aéroterrestre, elle mit en œuvre de l’ordre de 150 divisions du côté de l’Axe alors qu’Overlord, souvent considérée comme la première opération de la guerre, n’en engagea dans la seule journée du 6 juin, que huit, dont trois aéroportées, certes dans un contexte nettement plus interarmées que Barbarossa.
Objectifs et moyens allemands
L’objectif affiché par Adolf Hitler, exposé dans sa directive « Barbarossa » de l’automne 1940, visait à détruire l’Armée rouge en quatre mois, soit avant l’arrivée de l’hiver et d’atteindre une ligne Arkhangelsk-Caspienne, en empêchant l’armée soviétique de profiter de la profondeur stratégique de son territoire en effectuant un profond repli. Dans ce but, il s’agissait pour la Wehrmacht de manœuvrer par de grands débordements des unités soviétiques grâce à la mobilité et à la vitesse de ses grandes unités blindées et motorisées, tout en les fixant et les réduisant par ses grandes unités d’infanterie, très peu motorisées. C’est ainsi que, d’emblée, Barbarossa a été planifiée comme devant appliquer les principes de la Blitzkrieg.
Trois groupes d’armées, Nord (von Leeb, fort de 2 armées et du PanzerGruppe 4 – une armée blindée d’Hoeppner) Centre (von Bock, 3 armées et PanzerGruppe 2 et 3 – respectivement Guderian et Hoth) et Sud (von Rundstedt, 2 armées allemandes et des contingents alliés, roumains et hongrois, ainsi que du PanzerGruppe 1 de von Kleist) avaient comme objectifs respectifs, Leningrad (Saint-Pétersbourg), Moscou et la boucle du Don. Von Bock se trouvait théoriquement chargé de l’effort, mais il était également chargé d’appuyer les deux groupes d’armées l’encadrant sur leurs flancs, si ceux-ci étaient amenés à se trouver découverts, ce qui est pour le moins contradictoire.
Il reste 81 % de l'article à lire