L'arrêt du 15 juillet 2021 de la Cour de justice de l'Union européenne, relatif au temps de travail remet en cause la spécificité du statut des militaires et pourrait se révéler très pénalisant pour les armées françaises, seules en Europe à être réellement engagées en opération.
Un désarmement juridique, un aveuglement doctrinal, une faute politique (T 1300)
Cour de justice de l'Union européenne à Luxembourg (© Transparency International / Flickr)
The judgment of July 15, 2021 of the Court of Justice of the European Union, relating to working time, calls into question the specificity of the status of the military and could prove to be very penalizing for the French armies, the only ones in Europe to be really engaged. in operation.
L’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) (1) du 15 juillet 2021 sur le temps de travail des militaires, suite à une obscure procédure d’un sous-officier slovène contestant son statut, pose un problème juridique et politique majeur pour la France. Si pour certains États-membres de l’Union européenne, cet arrêt conforte une pratique en vigueur depuis plusieurs années, celui-ci remet en cause les fondements même du statut des militaires, en déniant la « militarité » de ces derniers. Il les transforme en agents en uniforme, soumis à une réglementation ordinaire les banalisant aux autres fonctions publiques. Pourquoi pas ?
Il est vrai qu’au sein de l’UE, rares sont les pays pour qui la guerre est une réalité avec des soldats qui partent en opération et qui payent le prix du sang. Songeons ici aux fameux Battle Group 1 500 (2), institués en 2005, et qui n’ont jamais été engagés dans la moindre action. Par ailleurs, hormis le Royaume-Uni – désormais hors course depuis le Brexit – la plupart des États européens parlent de « l’Europe de la défense » en pensant très fort « Otan », dont le fonctionnement et la masse garantissent, de facto, la sécurité du continent.
En soulignant dans son arrêt que les services d’administration, d’entretien, de réparation et de santé doivent, d’une certaine manière, s’aligner sur le régime général, la Cour préfigure le démantèlement de ceux-ci à terme. À partir du moment où ils ne sont plus en devoir de répondre à une exigence de disponibilité liée au statut militaire, ils pourraient être « civilianisés », voire externalisés, comme cela est d’ailleurs pratiqué par certains États qui ont renoncé à ces capacités, se contentant de quelques modules permettant de remplir des « niches » peu contraignantes au cas où.
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