La France va prendre début 2022 la présidence de l’Union européenne pour le premier semestre. Six mois à exploiter pour renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe en ne se limitant pas uniquement aux aspects capacitaires et aux programmes en coopération. Certes, ceux-ci sont structurants et dimensionnants avec des enjeux industriels et économiques conséquents, mais cela ne doit pas restreindre le champ d’action des initiatives politiques pour faire progresser le concept d’une défense européenne plus souveraine avec une conscience partagée de nos intérêts et une approche commune des menaces.
Construire l’autonomie stratégique européenne : les enjeux de défense. Au-delà des enjeux capacitaires (T 1301)
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France will take over the presidency of the European Union in early 2022 for the first half of the year. Six months to be used to strengthen Europe's strategic autonomy by not limiting itself solely to capability aspects and cooperation programs. Admittedly, these are structuring and dimensioning with substantial industrial and economic stakes, but this should not restrict the scope of political initiatives to advance the concept of a more sovereign European defense with a shared awareness of our interests and a common approach to threats.
Alors qu’approche la présidence française du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022, les officiers stagiaires du Comité Europe de l’École de Guerre ont décidé de se saisir de la question de l’autonomie stratégique européenne. Après une année d’étude du sujet sous différents angles, et l’organisation d’un colloque plus particulièrement consacré aux enjeux de défense, il paraît profitable d’en tirer, sinon des conclusions, du moins quelques idées-forces à retenir.
Tout d’abord, l’autonomie stratégique, telle que définie par le président de la République Emmanuel Macron, ne saurait être limitée à ses seuls aspects militaires (1), ni s’y réduire. Les approvisionnements, en énergie ou en matières premières, la question de la maîtrise des données et de l’espace cybernétique, la souveraineté dans les sciences et technologies critiques du XXIe siècle (batteries, intelligence artificielle [IA], robotique, mais aussi pharmaceutique, notamment), la maîtrise de l’espace exo-atmosphérique sont autant de constituants de l’autonomie stratégique de demain.
Il est ainsi frappant de constater que tous ces domaines convergent vers la notion d’une Europe « Puissance », qui est capable de protéger ses citoyens, ses intérêts et ses valeurs.
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