Le puzzle post-soviétique de la région du Caucase n’est pas près de se finaliser avec l’instrumentalisation par la Russie de micro-États comme l’Abkhazie, territoire revendiquant son indépendance face à la Géorgie voisine. Avec des reconnaissances diplomatiques venant d’États vassaux de Moscou comme le Venezuela ou la Syrie, un réseau d’affidés se crée, élargissant la sphère d’influence russe. Toutefois, les enjeux stratégiques restent limités dans la mesure où ces entités sont enclavées et ne disposent pas de ressources exceptionnelles. Cela permet cependant à la Russie d’élargir sa mainmise sur ses marges et en particulier dans une zone sensible où les antagonismes entre les populations et les cultures restent profondément ancrés dans les mentalités.
Relations Abkhazie-Syrie : effet domino avec la Biélorussie et la Corée du Nord ? (T 1303)
Panneau abkhaze célébrant les relations entre l'Abkhazie et la Syrie
The post-Soviet puzzle of the Caucasus region is not about to be finalized with the instrumentalization by Russia of micro-states like Abkhazia, a territory claiming its independence from neighboring Georgia. With diplomatic recognition coming from vassal states of Moscow such as Venezuela or Syria, a network of cronies is created, expanding the Russian sphere of influence. However, the strategic stakes remain limited insofar as these entities are landlocked and do not have exceptional resources. However, this allows Russia to extend its grip on its margins and in particular in a sensitive area where antagonisms between populations and cultures remain deeply rooted in mentalities.
Suite à la reconnaissance diplomatique par la Syrie en mai 2018 (1), l’Abkhazie a ouvert une ambassade à Damas en octobre 2020, illustrant le renforcement de leurs relations (2). Pour l’Abkhazie, territoire partiellement reconnu par la communauté internationale et soutenu diplomatiquement par la Russie, cette reconnaissance débouche sur de nouvelles perspectives lui permettant d’accroître ses relations avec le Moyen-Orient. De surcroît, elle est révélatrice d’une ouverture progressive des autorités abkhazes au reste du monde, dans la mesure où le territoire est reconnu par un nombre croissant de partenaires (3), contrairement à d’autres régions qui peinent à obtenir de semblables résultats, à savoir la Transnistrie et le Nagorno-Karabagh.
L’avenir de l’Abkhazie reste cependant incertain et la relation Abkhazie-Syrie correspond davantage à une victoire diplomatique pour Moscou que pour Soukhoumi, capitale de facto de l’Abkhazie. Néanmoins, cette avancée diplomatique marque un tournant et soulève de nouvelles questions, notamment celle d’un effet domino, et la possibilité pour l’Occident de voir d’autres pays alliés du Kremlin reconnaître l’Abkhazie, notamment la Biélorussie et la Corée du Nord comme souhaite le mettre en avant cet article.
Politique étrangère de l’Abkhazie
Au moment de la désintégration de l’Union soviétique, la République socialiste soviétique autonome d’Abkhazie, qui faisait partie de la Géorgie soviétique, devient de facto indépendante et bénéficie du soutien de Moscou pour survivre dans un espace post-soviétique en constante évolution. Bien que peu enclin à se prononcer sur la reconnaissance de ce nouveau pays de 1992 à 2008, Moscou a annoncé la reconnaissance de l’Abkhazie comme pays à part entière en 2008, en représailles à la décision du monde occidental de faire de même pour le Kosovo (4). Par conséquent, la reconnaissance de l’Abkhazie trouve ses racines dans les intérêts du Kremlin plutôt que dans la Convention de Montevideo (5), et les pays qui ont ultérieurement reconnu l’Abkhazie semblent faire de même, souhaitant manifester leur soutien à Moscou plutôt qu’à l’Abkhazie en elle-même.
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