Le Mur de Berlin, symbole de la guerre froide et du découpage entre les mondes de l'Ouest et de l'Est, était édifié il y a 60 ans, dans la nuit du 12 au 13 août 1961. Point de vue du rédacteur en chef de la RDN sur le sens à donner à sa construction, puis à sa démolition le 9 novembre 1989 marquant la chute de la RDA puis de l'URSS, sur ses conséquences et la mise en perspective de la construction d'un tel mur avec le contexte géopolitique actuel.
Il y a 60 ans – L’édification du Mur de Berlin ou l’Europe divisée (T 1306)
La construction du Mur de Berlin en août 1961
The Berlin Wall, a symbol of the Cold War and the division between the Western and Eastern worlds, was erected 60 years ago on the night of August 12-13, 1961. RDN Head Editor's view on the meaning to be given to its construction, then to its demolition on November 9, 1989 marking the fall of the GDR and then of the USSR, on its consequences and putting into perspective the construction of such a wall with the current geopolitical context.
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les autorités est-allemandes, avec le plein soutien de l’URSS, commençaient l’édification d’un mur censé empêcher l’exode des citoyens de la République démocratique allemande (RDA) vers Berlin-Ouest et la liberté. Cette crise, en pleine torpeur estivale, a longuement marqué la conscience européenne, impuissante face au bloc soviétique empêchant toute contestation politique des régimes communistes sous tutelle de Moscou. Il fallut attendre 1989 pour que le Mur de Berlin s’effondrât sous la poussée des opinions publiques est-européennes avides de liberté… mais aussi de consommation. À partir de là, ce fut l’époque des « dividendes de la paix » où les pays de l’Europe de l’Ouest pensèrent que la menace avait disparu et qu’il était temps après plus d’un siècle de confrontations entamées avec la guerre franco-prussienne de 1870-71 de réduire les efforts de défense et de profiter d’un monde en paix. Et pourtant, à l’été 1990, les tambours de la guerre se remirent à trembler, avec la première guerre du Golfe à la suite de l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, tandis qu’à nos frontières, l’ex-Yougoslavie allait entamer sa décomposition meurtrière et que les Balkans allaient démontrer l’impuissance de l’Europe à assurer sa propre sécurité et à ramener son environnement à plus de paix.
Soixante ans après la construction du Mur de Berlin, celle d’autres murs traduit cette crise du vivre ensemble et la confrontation entre États-puissances, avides de retrouver qui leur empire ou qui leur influence. La Russie emprisonne ses opposants et cherche à diviser les pays membres de l’Union européenne. La Chine étend ses pseudo routes de la Soie pour imposer ses normes où les droits de l’Homme deviennent une variable d’ajustement. La Turquie rêve d’un néo-ottomanisme conquérant et régissant une partie du monde musulman, tandis que l’Iran, avec son nouveau président, ne semble pas envisager la moindre concession quant au nucléaire. Et pendant ce temps-là, certains de nos concitoyens considèrent que nous sommes en dictature… au nom d’une liberté individuelle valeur absolue au détriment du bien commun. En 1961, le Mur était lui un vrai obstacle à la liberté, les gardes ayant pour ordre de tirer à vue sur toute personne tentant de franchir la frontière. N’en déplaise à ceux qui oublient l’Histoire. ♦
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