Téhéran est à la croisée des chemins avec d’une part, la question du nucléaire et d’autre part, son positionnement dans la région face à l’Arabie saoudite. Une reprise des négociations autour du JCPOA n’est pas exclue mais l’Iran reste enfermé dans ses propres contradictions liées aux luttes internes entre les différents clans au pouvoir. Accepter une timide ouverture signifierait pour certaines tendances, perdre des positions acquises et une remise en cause des équilibres. Paradoxalement, du côté de Ryad, le discours est moins hostile, entrouvrant timidement une porte. À moins que le régime des Mollahs se rapproche d’un axe Moscou-Pékin peu enclin à des concessions envers les autres protagonistes dans la région du Golfe. À cela s’ajoute la hausse du prix des hydrocarbures, outil à manier avec précaution par les pays producteurs pour ne pas casser la reprise économique constatée depuis la sortie progressive de la crise sanitaire de la Covid-19.
Iran : négociations sur son programme nucléaire et dialogue avec l’Arabie saoudite (T 1320)
Drapeaux ame?ricain, iranien et saoudien (© Motion Center, AdobeStock)
Tehran is at a crossroads with, on the one hand, the nuclear issue and, on the other hand, its positioning in the region vis a vis Saudi Arabia. A resumption of negotiations around the JCPOA is not excluded, but Iran remains locked in its own contradictions linked to the internal struggles between the different clans in power. Accepting a timid opening would mean, for certain tendencies, losing acquired positions and questioning the balance. Paradoxically, on the Riyadh side, the discourse is less hostile, half-opening a door timidly. Unless the mullahs' regime moves closer to a Moscow-Beijing axis unwilling to make concessions to the other protagonists in the Gulf region. Added to this is the rise in the price of hydrocarbons, a tool to be handled with care by producing countries so as not to break the economic recovery observed since the gradual exit from the Covid-19 health crisis.
Les négociations de Vienne entre l’Iran et les 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies – États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni – auxquels s’ajoute l’Allemagne) sont toujours à l’agenda, même si les éléments d’un accord n’apparaissent pas encore. En réalité, les positions des deux parties semblent éloignées.
En effet, Téhéran s’en tient à un retour à la situation de 2015, avec la levée de toutes les sanctions américaines imposées depuis, en échange de l’annulation des différentes violations iraniennes de l’accord effectuées en représailles. Or, ce retour en arrière n’est pas évident à mettre en œuvre – que faire de l’uranium enrichi à des taux non autorisés ? peut-on « oublier » les connaissances acquises ? etc. – et certaines sanctions américaines ne sont pas liées au nucléaire mais à des violations des droits de l’homme ou à des « actions terroristes » de la part de l’Iran. En outre, Washington et ses alliés occidentaux souhaitent prolonger certaines clauses de l’accord de 2015 et obtenir de Téhéran des concessions concernant son programme de missiles et ses ingérences au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Liban, Yémen) via ses intermédiaires (« proxies ») dans la région.
Moscou et Pékin se contenteraient eux d’un retour à la situation de 2015, considérant que la responsabilité de la crise repose sur Washington qui s’est désengagé de l’accord sous l’Administration Trump.
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