L’Europe au défi des « narco sous-marins » (T 1326)
Narco sous-marin de 20 m saisi en Espagne en 2019
Imaginés par les cartels colombiens, construits dans les forêts sud-américaines et généralement fabriqués en fibre de verre pour ne pas être détectés par les sonars, les « narco sous-marins » sont devenus, dans les années 2000, le mode de transport privilégié de la cocaïne vers les États-Unis. Avec le temps, les modèles se sont perfectionnés : ils peuvent parcourir de plus longue distance et embarquer davantage de drogue. En août 2021, la marine colombienne en a saisi un, avec à son bord 2 tonnes de stupéfiants (1).
Mais alors que l’on croyait ce phénomène uniquement circonscrit au continent américain, celui-ci s’est récemment étendu à l’Europe, un des premiers marchés mondiaux pour la cocaïne. Ce mode d’acheminement par voie sous-marine inquiète les services antidrogue et fait redouter aux services antiterroristes que ce mode d’infiltration discrète puisse aussi être emprunté par des commandos terroristes.
L’Espagne, une porte d’entrée pour la cocaïne
À la différence des autres stupéfiants, la production de cocaïne est exclusivement située en Amérique du Sud, plus précisément en Colombie, en Bolivie et au Pérou, trois pays andins où la culture de feuilles de coca suffisamment riches en alcaloïdes est possible. L’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC) indique qu’en 2017, la fabrication illicite de cocaïne à l’échelle mondiale a atteint son niveau le plus haut jamais enregistré, 1 976 t, soit 25 % de plus que l’année précédente. Ce résultat s’explique avant tout par une augmentation de la fabrication en Colombie, d’où proviendrait 70 % de la production mondiale, à la suite de l’arrêt en 2013 des aspersions de glyphosates destinées à détruire les cultures. En 2017, la superficie consacrée à la culture du cocaïer y a augmenté de 17 % et la quantité de cocaïne produite de 31 % (2). La drogue fait vivre beaucoup de monde en Colombie : le clan du Golfe – le cartel le plus puissant du pays –, les milices de type paramilitaire plus ou moins liées aux élites économiques et politiques locales, les guérilleros de l’Armée de libération nationale (ELN) encore en activité, « les dissidents » de mouvements rebelles qui ont rendu les armes, notamment les FARC, ainsi qu’une myriade de petites organisations criminelles qui veulent accaparer une partie du trafic (3).
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