La culture stratégique de l’Union européenne (UE) est, pour le moins, évanescente, que ce soit d’une perspective nationale ou européenne. Elle est un concept et un perpétuel « travail en cours ». Elle est à la fois un héritage des expériences passées et une vision du futur de la sécurité et de la défense. Elle est multiforme, subjective et continuellement en mutation : en fonction de celui ou celle qui la diffuse, de celui ou celle qui l’assimile, en fonction de l’événement à travers lequel la culture stratégique de l’UE est lue, ses contours varient. Pour ajouter à la difficulté, elle est intangible par nature. La délimiter est, par conséquent, une entreprise ardue à l’échelle d’un pays. Si elle est ramenée à l’Union européenne, dont le concept même est si souvent questionné ou remis en cause, elle devient une quête quasi spirituelle. Mais, si cette contribution n’entend pas définir ce qu’est cette culture stratégique commune, elle ose néanmoins postuler que celle-ci est « réelle » car il ne peut être contesté que même la vacuité d’une telle culture stratégique est une preuve de son existence.

Les officiers militaires sont les cadres de leur profession et, à ce titre, mettent non seulement en œuvre les orientations stratégiques de leur pays et de l’Union européenne, mais participent également à leur définition. Du fait que très peu de métiers sont autant « tournés vers l’international » que le métier d’officier militaire et que cette internationalisation est – comme on le constate sur les théâtres d’opérations – une « européanisation » en premier lieu, il est primordial que des efforts spécifiques soient entrepris pour diffuser et développer parmi eux cette culture stratégique commune.

Le CESD : un vecteur de culture stratégique

Le Collège européen de sécurité et de défense (CESD), intégré à la structure du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), a été fondé par une action commune du Conseil de 2005 ⁽¹⁾, qui prévoyait, dès lors, que son premier objectif était de « renforcer davantage la culture de sécurité européenne » (article 3) dans le cadre de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Les amendements successifs de l’acte fondateur du Collège en 2008 ⁽²⁾, 2013 ⁽³⁾, 2016 ⁽⁴⁾ et 2020 ⁽⁵⁾ ont conservé cette formulation et ajouté la défense à la sécurité en 2013.

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