Le conflit larvé du Donbass s’inscrit pleinement dans le concept de guerre hybride, utilisant à la fois des moyens conventionnels infligeant des pertes – plus 51 % depuis janvier 2021, avec 15 civils tués et plus d’une cinquantaine de soldats ukrainiens morts – mais aussi toute la palette de la manipulation de l’information utilisant notamment les réseaux sociaux. Si la Russie est experte dans ce domaine, l’Ukraine a également entrepris de telles actions, visant également à valoriser son image à l’international. Dans cette crise sans issue perceptible à court et moyen terme, tous les moyens semblent bons, de part et d’autre, pour contraindre l’adversaire à céder ou du moins à accepter un compromis.
Les « mesures actives » ukrainiennes (T 1330)
(© Pxfuel)
The simmering conflict in Donbass falls squarely within the concept of hybrid warfare, using both conventional means inflicting casualties – up 51% since January 2021, with 15 civilians killed and over 50 Ukrainian soldiers dead – but also the whole range of manipulation of information using social networks in particular. If Russia is an expert in this field, Ukraine has also undertaken such actions, also aimed at enhancing its image internationally. In this crisis with no perceptible solution in the short and medium term, all means seem good, on both sides, to force the adversary to give in or at least to accept a compromise.
Si le thème des « mesures actives » russes est un sujet connu et traité depuis de nombreuses années, celui des « mesures actives » ukrainiennes l’est beaucoup moins. L’utilisation de « mesures actives » par les services ukrainiens est pourtant pleinement assumée et officiellement reconnue. Nous en trouvons une des premières références dans le discours prononcé le 30 novembre 2017 par le président ukrainien Petro Porochenko, lors du 26e anniversaire du renseignement extérieur ukrainien : « le service ukrainien de renseignement extérieur est l’un des seuls services mondiaux qui est capable, et a démontré cette capacité, à mener des mesures actives » (1).
Un statut « légal »
La loi ukrainienne sur le renseignement (2) définit les « mesures actives »(spéciales) comme des « mesures de renseignement visant à promouvoir la réalisation des intérêts nationaux de l’Ukraine, à contrecarrer les intentions, les plans et les actions qui posent des menaces externes à la sécurité nationale de l’Ukraine ». Il est à noter que le vocabulaire employé par les autorités ukrainiennes à l’égard des « mesures actives » russes est différent ; ces dernières sont qualifiées de « désinformation ».
La « communauté du renseignement » ukrainienne, telle que définie par la loi sur le renseignement, et qui comprend le SZRU (Sluzhba zovnishn’oyi rozvidky Ukrayiny, renseignement extérieur), le SBU (Sluzhba bezpeky Ukrayiny, sécurité intérieure), le renseignement militaire et le renseignement des gardes-frontières (articles 4 et 5 de la loi) doit, selon l’article 6, § 3 : « déterminer et identifier les menaces extérieures à la sécurité nationale de l’Ukraine, y compris dans le domaine cyber, et à la vie et la santé de ses concitoyens et aux objectifs étatiques en dehors du territoire ukrainien, organiser et mener des mesures spéciales (actives) contre ces menaces ».
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