La disparition, le 12 octobre 2021, d’Hubert Germain à l’âge de 101 ans, a mis un terme à l’existence des Compagnons de la Libération en tant qu’individus. Son parcours illustre ce qu’a été le choix de ces hommes et de ces femmes qui, dès 1940, résistèrent. La longue vie d’Hubert Germain lui a permis, non seulement d’être un acteur militaire, mais, par la suite, d’agir en fidélité au Général de Gaulle, puis, à l’automne de sa vie, de témoigner et de transmettre la flamme de la Résistance aux nouvelles générations.
Hommage à Hubert Germain (T 1333)
(© Ordre de la Libération / Ministère des Armées)
The disappearance, on October 12, 2021, of Hubert Germain at the age of 101, put an end to the existence of the Compagnons de la Liberation as individuals. His career illustrates what was the choice of these men and women who, from 1940, resisted. Hubert Germain's long life enabled him, not only to be a military actor, but, subsequently, to act in loyalty to General de Gaulle, then, in the autumn of his life, to testify and transmit the flame of the Resistance to new generations.
C’était donc le dernier titulaire individuel vivant du dernier ordre de chevalerie de notre histoire… À son décès à 101 ans, mercredi 12 octobre 2021, il était évident qu’une page se tournait. Un lien ultime se tranchait avec une épopée peu commune, née de l’insoumission, et engagée contre tout espoir dans la poursuite d’une guerre qui semblait, à l’évidence, perdue. Ces derniers mois, Hubert Germain, Compagnon de la Libération, avait livré courageusement, contre l’affaiblissement et la maladie, le seul combat que tout être humain est certain de perdre au final, fût-ce le plus tard possible. Décédé à l’institution nationale des Invalides, dont il était pensionnaire depuis de nombreuses années, il avait conservé sa pleine conscience jusqu’au bout. Trois jours plus tard, dans l’après-midi du vendredi 15 octobre, il recevait l’hommage de la nation, dans la cour d’honneur du monumental complexe.
L’au-revoir de la France à l’un de ses enfants terribles
Les représentants de chacune des armées attendaient près des arcades, tandis que des légionnaires portaient hors de l’église Saint-Louis le cercueil – drapé de tricolore – du défunt, caporal-chef d’honneur de la Légion étrangère. L’air de la Légion par excellence, « Tiens, voilà du boudin », précéda l’hymne national. Comme il se devait, le discours fut prononcé par le président de la République. Ce dernier salua d’emblée, dans la vie du défunt, « une anthologie d’engagement et de courage ». Il loua dans le lieutenant Germain le digne représentant d’« un ordre fraternel, une phalange de l’idéal […], une guilde de l’honneur », s’inclina devant « le dernier à rendre les armes ».
En un moment de communion nationale, étaient présents aussi bien l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, que la présidente des députés de La France Insoumise (LFI) – le mouvement de Jean-Luc Mélenchon – Mathilde Panot, ou celle de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, candidate à l’investiture des Républicains (LR) pour l’élection présidentielle. De nombreux lycéens étaient invités à l’ultime adieu à celui qui avait à peine plus que leur âge lors du choix décisif de 1940 : la transmission de la mémoire préoccupait particulièrement Hubert Germain, dans ses dernières années, et en grand témoin, il se faisait un devoir d’aller raconter son histoire devant les jeunes gens. La perpétuation de l’esprit de résistance lui tenait à cœur, comme il le rappelait dans Espérer pour la France, qu’il publia centenaire en 2020 : « Quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera toujours des braises. Et il faut aujourd’hui en France des braises ardentes ! »
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