Analyser le monde pour essayer de mieux le comprendre, telle est l’ambition des différents annuaires et atlas stratégiques publiés régulièrement à l’automne, offrant un panorama très complet des déchirures actuelles.
Parmi les atlas et annuaires stratégiques 2022 - Au-delà de la Covid (3/3) (T 1338)
© Photocreo Bednarek, Adobe Stock
Analyzing the world to try to understand it better, such is the ambition of the various directories and strategic atlases published regularly in the fall, offering a very comprehensive overview of current heartbreaks.
Tensions géopolitiques, lutte pour la suprématie mondiale entre États-Unis et Chine, imbroglio proche-oriental, nouvelle guerre de Trente Ans sunnite-chiite, incertitudes du marché pétrolier, transitions énergétiques, combinaisons et configurations diplomatiques, mettant aux prises les mêmes puissances (États-Unis, Russie, Chine, Europe et Japon), guerres commerciales, l’ordre international libéral établi en 1945 continue de subir des secousses d’une rare intensité. Toutefois, s’il est ébranlé, il n’a pas été réellement démantelé, faute pour ses principaux acteurs d’avoir su – ou voulu – établir les fondements et modalités d’une nouvelle gouvernance mondiale plus ouverte, transparente et exclusive.
L’un de ses défis est d’y intégrer les puissances émergentes (Inde, Brésil), de mieux articuler ordre global et ordres régionaux, de faire une place aux puissances régionales (Nigeria, Éthiopie, Afrique du Sud, Indonésie, Iran, Turquie, Égypte, Arabie saoudite…), ainsi que de répondre aux nombreux défis posés par les inégalités croissantes, les menaces terroristes, les migrations internationales, le changement climatique et la biodiversité.
« Ordre mondial, système international, société et communauté internationales, cette dernière virtuelle ou en devenir, malgré leurs différences conceptuelles et concrètes apparaissent des notions plus proches les unes des autres que réellement concurrentes ou opposées. Elles forment une chaîne historique qui s’est déployée dans un espace-temps pluriséculaire. Lorsque les hommes de guerre déposent leur glaive, parole est donnée aux diplomates. À eux, s’ils apparaissent légitimes, de saisir le moment le plus opportun pour intervenir, de se montrer habiles, d’utiliser savamment le “secret”, qui évite la bataille d’ego, les affrontements directs sur la place publique et qui, par sa souplesse, en se donnant parfois le temps, permet de tester bien des solutions originales, de s’appuyer aussi sur une force suffisante, matérielle ou morale. D’où l’importance de disposer d’un outil militaire adapté aux défis de son époque. Aux diplomates d’être patients et déterminés, car “la béquille du Temps fait plus de besogne que la massue de fer d’Hercule” écrivait Baltasar Gracian dans L’Homme de cour, conseil de prudence toujours utile à l’heure des tweets. Car la diplomatie reste un art des comportements humains – de ceux qui doivent être savamment calculés. Les États exécutent des figures, poursuivent des desseins, envisagent des constructions qui s’enchaînent les unes aux autres et dont la fréquence produit un certain équilibre. Un ordre est créé. » (cf. notre ouvrage, De l’ordre européen à l’ordre mondial). « L’aristocratie a trois âges successifs, disait Chateaubriand : l’âge des supériorités, l’âge des privilèges et l’âge des vanités ». La période actuelle ne combine-t-elle pas un peu de ces trois éléments et bien d’autres encore ?
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