La Biélorussie est indépendante depuis 1991. Avec l’arrivée du président Loukachenko au pouvoir en 1994, le rapprochement avec Moscou est devenu une réalité, accéléré après la réélection contestée de l’intéressé en 2020. Sur le plan militaire, les armées biélorusses sont devenues de plus en plus dépendantes de la Russie, avec une quasi-intégration allant au-delà d’une simple interopérabilité. Les actuelles tensions avec l’Ukraine pourraient amener à un renforcement de la présence militaire russe permanente sur le territoire d’un État devenu simultanément zone tampon et État satellite, avant une possible intégration au sein de la Fédération de Russie.
Le partenariat stratégique entre la Russie et la Biélorussie (T 1363)
(© Adam Jones / Flickr)
Belarus has been independent since 1991. With the arrival of President Lukashenko in power in 1994, rapprochement with Moscow became a reality, accelerated after the disputed re-election of the person concerned in 2020. On the military level, the Belarusian armies have become increasingly dependent on Russia, with quasi-integration going beyond mere interoperability. The current tensions with Ukraine could lead to a reinforcement of the permanent Russian military presence on the territory of a state that has simultaneously become a buffer zone and a satellite state, before possible integration into the Russian Federation.
À la chute de l’Union soviétique en 1991, la Biélorussie a retrouvé son indépendance pour la deuxième fois depuis son annexion par l’Empire russe au XVIIIe siècle. L’ancienne République socialiste soviétique (RSS) de Biélorussie est cependant rapidement revenue dans le giron de la Russie, à la suite de l’évincement, en 1994, du chef de l’État biélorusse Stanislaw Chouchkievitch. Ce dernier, qui était favorable à un rapprochement avec l’Occident, a laissé la place à l’actuel président biélorusse Alexandre Loukachenko, pro-russe et nostalgique de l’Union soviétique, lors des élections présidentielles de 1994. Sous son autorité, le pays s’est acheminé vers une « fusion » avec la Russie. Tout d’abord, par le biais de deux traités d’union, signés en 1997 et 1999, dans le cadre de la Communauté des États indépendants (CEI), la Biélorussie est entrée dans une confédération avec la Russie : l’Union de la Russie et de la Biélorussie (Soiouz Rossii i Bielorousii, SRB). Cette Union permet notamment la libre circulation des ressortissants russes et biélorusses sur le territoire des deux pays, d’ailleurs unis depuis 2010 par une union douanière. Lors d’une prochaine étape, cette confédération pourrait prendre la forme d’une fédération unique russo-biélorusse.
Cette évolution s’illustre, en particulier, par le renforcement inédit des liens qui unissent les deux pays dans le domaine militaire. La Russie a fait de son allié biélorusse un atout majeur de sa stratégie vis-à-vis de l’Otan. Les principes de cette coopération militaire ont été formulés dans la doctrine militaire de l’État d’Union russo-biélorusse dès 2001 (1). Ce rôle s’est encore accru depuis la publication de la doctrine militaire russe de décembre 2014, qui souligne que l’élargissement de l’Otan vers l’Est constitue une menace fondamentale pour la sécurité de la Russie.
Le renforcement continu de la coopération militaire entre la Russie et la Biélorussie, observé au fil des deux dernières décennies, ne laissait aucun doute sur le rôle stratégique crucial dévolu par la puissance russe à son allié biélorusse dans une éventuelle crise avec l’Occident. Force est de constater que l’alliance militaire entre la Russie et la Biélorussie n’a cessé de se renforcer, tandis que l’élargissement de l’Otan vers l’Est progressait (2). Quels sont alors les objectifs poursuivis par la Russie en ce qui concerne son alliance avec la Biélorussie ?
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