Hervé Couraye livre pour la RDN un nouvel article de sa série sur la France dans l'Indo-Pacifique. Si cette région représente un intérêt stratégique pour le pays, son ambition stratégique se heurte à la réalité du jeu européen et occidental. Un point de vue d'un spécialiste de la géopolitique de l'Asie.
La France dans l’Indo-Pacifique : la puissance collective (T 1372)
Carte de l'Indo-Pacifique [détroits, zones stratégiques, ASEAN] (© Eric Gaba Annoté par DiplomatTesterMan, CC BY-SA 4.0 / Wikimedia Commons)
Hervé Couraye delivers for the RDN a new article from his series on France in the Indo-Pacific. If this region represents a strategic interest for the country, its strategic ambition comes up against the reality of the European and Western game. A point of view of a specialist in the geopolitics of Asia.
L’année entière est naturellement dominée par la posture de la France et sa manière à faire valoir ses priorités stratégiques dont dépend la défense de ses intérêts nationaux. On pourrait presque soutenir que cette année 2022, marquée par la présidence du Conseil de l’Union européenne (UE) de la France, permettra à son leader de décocher plusieurs flèches d’initiatives en direction du jeu des puissances.
Une phrase d’Auguste Ledru-Rollin vise juste et charrie une perspective différente des points de vue communs du leadership : « Je suis leur chef, je devrais vraiment les suivre (1). » La qualité indispensable que suscite cette citation est de rapprocher les points de vue des gens ou des partenaires que le chef dirige, afin qu’ils puissent aller là où il veut les emmener. Mais, en même temps, si notre chef de groupe ne garde jamais à l’esprit leurs intérêts aux confins du grand jeu, alors il ne se connecte pas avec eux en vue d’européaniser les défis des fondements d’une ambition.
Dans sa déclaration du 19 janvier 2022 (2) devant le Parlement européen, Emmanuel Macron a fait la promotion de l’Europe, en faisant des propositions ambitieuses et en considérant plusieurs de ses vulnérabilités stratégiques. Les limites de capacités réelles de l’UE et son manque d’alignement stratégique propre à une Union à 27 membres, d’une part, et en mettant l’accent sur la difficile émergence d’une autonomie stratégique souveraine, d’autre part. À première vue, ces déclarations montrent que la puissance est à bâtir, elle est, selon ses mots, « à équilibrer » et requiert une force au sens d’une « capacité de faire ou celle de la capacité de faire faire ».
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