L'ancien ambassadeur Eugène Berg analyse pour la RDN les dernières sorties d'Hérodote et de Questions internationales, sur les sujets aussi variés que complémentaires du Brexit, de l'impact de la Covid-19 sur les affaires internationales et des questionnements sur l'Otan.
Parmi les revues - Covid, Brexit et Otan (T 1375)
Former Ambassador Eugène Berg analyzes for the RDN the latest releases of Hérodote and Questions Internationales, on subjects as varied as they are complementary to Brexit, the impact of Covid-19 on international affairs and questions about the NATO.
C’est à ce sujet qu’est consacré le dernier numéro de 2021 de la revue Hérodote (n° 183). Au cours de ce premier trimestre 2022, bien qu’apparemment en déclin, la pandémie est loin d’avoir été totalement maîtrisée, surtout à l’échelle mondiale. Nous avions appris qu’il s’agissait d’une zoonose (maladie transmise par l’animal : chauve-souris ?), nous savons maintenant que l’on affronte une syndémie, c’est-à-dire avec des interactions biologiques et sociales telles que la mise au point d’un vaccin ou d’un traitement ne peut suffire à son contrôle. Si Israël fut le premier pays au monde à avoir atteint le taux de vaccination de 60 %, il a dû administrer une troisième dose aux populations âgées, et a eu recours à de nouveaux confinements : les pays européens et les États-Unis ont fait de même, tout en évitant de nouveaux confinements, de plus en plus mal supportés par les populations. Si la vitesse de la propagation de la pandémie a surpris, elle a mis à nu des fractures au niveau mondial, certes latentes, mais qui n’ont fait que s’accentuer.
La puissance chinoise n’a fait que se renforcer. L’accueil des JO d’hiver 2022, en février, après les Jeux d’été de 2008 a prouvé à l’envi son rayonnement. Il est tout de même difficile de s’en tenir dans son cas, au chiffre officiel des morts de seulement 4 636, alors qu’en contraste celui des États-Unis s’est établi à l’été 2021, à plus de 600 000 (l’équivalent de la guerre de Sécession, première des guerres modernes du fait de l’utilisation du rail et de sa puissance de feu), ce qui a certainement contribué à la défaite de Donald Trump. En revanche, l’Inde a perdu la bataille de l’efficacité dans sa rivalité avec la Chine, après avoir crié un peu vite victoire et revendiqué le titre de « pharmacie du monde » avec son Serum Institue.
À l’inverse, la stratégie de l’UE, qui a démarré plus lentement, s’est avérée plus efficace que l’on ne l’a cru. Il faut rappeler que l’exploit scientifique que représente la création si rapide d’un vaccin est largement européen : les quatre vaccins, Pfizer-BioNTech, Janssen, CureVac ou Oxford, ont été développés en Europe avec des fonds européens, accélérée par la BARDA (Biomedical Advanced Research and Development Authorithy, un bureau du département américain de la Santé consacrée à la lutte contre les menaces biologiques). D’ordinaire, il faut environ 4 à 5 ans pour créer une entreprise de vaccins ex nihilo et entre 18 et 24 mois pour réorienter des chaînes déjà existantes. Or, ce fut fait en moins de 10 mois, voire 6 pour certaines entreprises.
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