À quelques jours du 9 mai, où la Russie célèbrera en grande pompe la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a été une « Grande Guerre patriotique » pour l'Union soviétique, et avant d'éventuelles annonces du Kremlin quant à l'évolution de la guerre en Ukraine, Alain Bauer analyse la doctrine militaire russe afin de mieux comprendre la stratégie de Vladimir Poutine en Ukraine, mais également dans le cadre de ses relations avec le reste du monde. La stratégie russe est passée en revue, des méthodes hybrides dites « sous le seuil » de la doctrine Gerasimov, comme la désinformation et les opérations d'influence, à la menace nucléaire, brandie par Moscou depuis les premiers jours du conflit.
La doctrine militaire russe et les leçons à en tirer pour l’Occident (T 1386)
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L’invasion de l’Ukraine semble avoir surpris l’Occident, bien que le pays subisse une guerre larvée depuis 2014. Pourtant, les évolutions stratégiques et tactiques de l’armée russe face à la résistance inattendue des forces armées et de la population ukrainienne, notamment dans l’est du pays initialement considéré comme acquis aux « libérateurs », ont provoqué des évolutions majeures dans les plans d’invasion russe. Comme dans tout conflit, les plans des batailles se modifient en fonction des circonstances.
Au fil des évolutions de la rhétorique officielle du Kremlin, cependant, des constantes, identifiées depuis un siècle (en Finlande, Tchétchénie, Géorgie, Syrie, Ukraine…), se révèlent et se confirment.
Après la dislocation de l’URSS, les militaires russes ont débattu de la nécessaire réorganisation de leur armée au regard du désastre afghan et de la forte réduction de la superficie de l’ancien empire soviétique. Leurs moyens conventionnels étaient largement dépassés et seule la puissance nucléaire stratégique semblait préserver la sécurité de la nouvelle Russie-Communauté des États indépendants (CEI) face à des adversaires qu’elle tentait soit d’amadouer, soit de provoquer (dès 1992 en Transnistrie).
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