Dans ce triptyque, l'auteur fait un essai de prospective sur le futur du combat en mer, prévoyant un cinquième âge – après la voile, le canon, l'avion et le missile – avec les actuels progrès technologiques. Révolution ou évolution ?
L’action navale au XXIe siècle, ou le cinquième âge du combat en mer (2/3) Les modalités de l’action navale au 5e âge du combat naval (T 1396)
© Marine nationale
Dans le domaine naval, le champ des procédés, c’est-à-dire des outils de l’action navale et de la manière de les employer, a toujours été très volatil. Cette volatilité découle de la sensibilité du domaine naval au fait technique. Elle est à double tranchant, car si certaines marines en ont tiré des avantages fulgurants dans l’histoire, d’autres en ont récolté des fruits amers : c’est tout l’enjeu de l’innovation – nouveau nom du progrès – dans le domaine naval, dont un récent ouvrage a bien posé les termes (38). Cela étant dit, tentons maintenant de caractériser l’état d’avancement des procédés de l’action navale de notre époque, en commençant par la restituer dans sa filiation historique.
Une brève généalogie du combat naval
Tout effort de prospective commence par un regard rétrospectif : dressons donc, à grands traits, la généalogie du combat naval. Le découpage est évidemment sujet à débat, mais son objet consiste plus à caractériser la dynamique du combat naval qu’à ériger des frontières précises entre des ères historiques qui en réalité s’interpénètrent. D’ailleurs, aucune époque n’efface totalement l’autre : ce qui compte, ce sont les nouveautés apportées par chaque âge et la manière dont elles affectent l’action navale.
Le premier âge est celui de la voile, qui s’étend du XVIe siècle, avec la naissance en Europe des premières flottes de combat sous voile dignes de ce nom, à la moitié du XIXe siècle, qui voit la vapeur remplacer définitivement l’utilisation du vent comme moyen de propulsion. Les moyens du combat naval sont alors le vaisseau, le canon et les signaux optiques. Les facteurs de succès dans l’affrontement sont le vent, le nombre de coques, les facultés d’abordage et la résilience des équipages. Le combat est géométrique. Les pertes humaines sont nombreuses, et les vaisseaux sont souvent capturés pour servir sous pavillon adverse.
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