À l'heure du G7 et des mesures internationales qui doivent être prises vis-à-vis de la crise énergétique mondiale, l'une des conséquences de la guerre en Ukraine, l'ambassadeur Bertrand Besancenot fait le point sur les enjeux liés aux hydrocarbures dans les pays du Golfe, quatre mois après le début du conflit entre la Russie et l'Ukraine.
Face aux cours très élevés des hydrocarbures, les pays exportateurs de pétrole et de gaz de la région ont rempli leurs coffres tout en avançant leurs pions à l’échelle nationale et internationale. Particulièrement courtisées depuis le début de la guerre en Ukraine, les pétromonarchies du Golfe soufflent le chaud et le froid face à la flambée des cours mondiaux des hydrocarbures. Contrastant fortement avec leur situation durant la pandémie de coronavirus, où les prix du baril étaient pour certains passés en dessous de zéro, elles sont désormais celles qui tirent le mieux leur épingle du jeu de ce conflit aux confins de l’Europe. Après avoir frôlé les 140 dollars au début du mois de mars dans un record historique, le baril tourne aujourd’hui autour de 120 dollars. De quoi leur permettre de renflouer leurs coffres, dans lesquels elles avaient été forcées de piocher ces dernières années.
Alors que la région « Afrique du Nord – Moyen-Orient » connaît ainsi une croissance de 5,3 % – soit plus du double des prévisions au niveau mondial, estimées à 2,9 % pour une période prolongée de stagflation à croissance molle et inflation élevée – les producteurs d’hydrocarbures en profitent pour avancer leurs pions à l’échelle nationale dans la perspective de l’ère post-pétrole, mais également face à d’autres acteurs régionaux et internationaux afin de promouvoir leurs intérêts et d’obtenir des concessions à bas coût.
Si l’Arabie saoudite dispose d’une importante capacité de production non utilisée qui pourrait servir à augmenter l’offre sur le marché mondial et faire ainsi baisser les prix du pétrole, elle résiste jusque-là aux pressions américaines dans le but d’obtenir, selon ses termes, une réconciliation avec cet allié stratégique. Dans une moindre mesure, les Émirats arabes unis (EAU) cherchent également à bénéficier de leur statut de producteur de pétrole pour obtenir notamment des garanties sécuritaires. Premier exportateur mondial de gaz liquéfié naturel (GNL), le Qatar pose quant à lui les jalons d’une entrée en force sur le marché européen.
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