(© Blanche Lambert / AB Pictoris)
Après plus de 4 mois de guerre en Ukraine, Christine Dugoin-Clément revient sur les dernières avancées et reculs de part et d'autre des belligérants. Alors que la Russie se retire de la stratégique île des Serpents, l'Ukraine continue, sur d'autres fronts, à demander l'aide des Occidentaux, notamment en matière d'armements et de soutien politique, voire symbolique : c'est ce que démontre la récente annonce de candidature de l'Ukraine à l'entrée dans l'Union européenne. La Russie, de son côté, n'hésite pas, en marge des rencontres occidentales sur le sujet de la guerre en Ukraine, à montrer qu'elle ne souhaite pas reculer, quitte à commettre des crimes de guerre.
Le 30 juin, la Russie annonçait se retirer de l’île aux Serpents (1) après avoir pris le contrôle sur la ville de Severodonetsk le 24 juin (2) et juste avant d’annoncer, le 3 juillet, la prise de Lyssytchansk (3). Près de quatre mois après le début de la guerre, comment analyser ces avancées et retraits et quels pourraient être les points décisifs et stratégiques de ce conflit ?
Entre conquêtes, retraites et symboles
Le public se souvient de l’île aux Serpents, notamment en raison de la réponse fleurie des forces ukrainiennes basées sur cette petite île à quelques kilomètres d’Odessa au navire russe qui leur demandait de se rendre. Bien que les militaires, initialement présumés morts, aient été retrouvés vivants, leur répartie est restée dans les mémoires et a marqué durablement les esprits. En outre, cette île revêt une importance stratégique : elle met les côtes ukrainiennes à portée de tirs et, pour qui la contrôle, elle permet d’avoir une main sur le trafic maritime, y compris sur le passage des cargos céréaliers. Néanmoins, aussi stratégique qu’elle soit, son contrôle est insuffisant pour assurer ou lever le blocus actuel de la ville d’Odessa.
Enfin, le retrait russe ne constitue pas une surprise complète. En effet, l’île se trouve à portée de l’artillerie ukrainienne. Outre les frappes qui la menacent, sa situation géographique permet aux forces ukrainiennes de fortement contester le ravitaillement par la mer de ce morceau de terre. Comme plusieurs experts l’avaient souligné dès la prise de l’île par les Russes, la conjonction de ces paramètres est peu propice au maintien des troupes sur place. Néanmoins, ce retrait, qui reste une défaite quoi qu’en dise le ministère russe de la Défense, est particulièrement symbolique pour l’Ukraine.
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