Les effets de la crise climatique se sont faits durement ressentir cet été, en particulier sur le territoire national, impactant ainsi la production agricole. L’instrumentalisation de la nourriture, par la Russie par exemple, fait aussi son retour. Dès lors, il est vital que la sphère sécurité et défense se saisisse de cette problématique pour augmenter la résilience de la nation.
Renouveler l’approche défense de la sécurité alimentaire (T 1422)
Vue sur les silos du port d'Odessa, Ukraine, le 25 septembre 2020 (© Slava 296, Adobe Stock)
Depuis 2014, la Chine a doublé ses stocks de céréales (1). De son côté, la Russie a décidé en 2020 de taxer ses exportations alimentaires (2). Ces actions combinées jouant sur l’offre comme la demande ont fragilisé le marché mondial, le rendant particulièrement sensible à toute crise, qu’elle soit climatique – pluies en Europe et chaleur au Canada lors de l’été 2021 –, énergétique – explosion des prix du gaz, avec un fort impact sur la production d’engrais azoté – ou géopolitique. Difficile ainsi de ne pas y voir une préméditation avant le déclenchement des opérations en Ukraine (3), dans une volonté de pouvoir peser tant sur les pays importateurs, principalement africains, que sur les compétiteurs occidentaux, rendus responsables par leurs sanctions. L’instrumentalisation de la nourriture – « arme silencieuse, mais terrible de la Russie (4) » selon Dimitri Medvedev (5) – fait ainsi son retour sur le devant de la scène stratégique.
Or cette crise, qui n’en est qu’à ses prémices, pourrait se révéler annonciatrice des défis alimentaires à relever dans les décennies à venir. En effet, le système alimentaire mondial fait face à des vulnérabilités grandissantes, qui influenceront immanquablement notre liberté d’action. Dans ce contexte, la sphère sécurité et défense a tout intérêt à s’engager sur le sujet. Pour ce faire, nous proposons une approche holistique afin de contribuer à la résilience nationale pour surmonter les chocs alimentaires futurs.
Un système alimentaire mondial en équilibre instable
En Occident, l’industrialisation de l’agriculture menée au cours de la seconde moitié du XXe siècle a provisoirement résolu la question de la production alimentaire, procurant à ses populations un faux sentiment de perpétuelle abondance et reléguant trop souvent la question au rang des préoccupations humanitaires. Pourtant, la catastrophe alimentaire qui se profile dans le sillage du conflit ukrainien pourrait n’être qu’un préambule à un contexte de crises récurrentes.
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