Écrit avant la contre-offensive qui permet aux Ukrainiens de reprendre une petite partie de leurs territoires perdus, les auteurs envisagent une tranquillisation du conflit russo-ukrainien à la façon du conflit coréen, jamais réglé mais sans confrontation armée.
La tranquillisation du conflit ukrainien à la coréenne ? (T 1423)
Contrairement à notre souhait, l’invasion russe sur l’Ukraine n’est pas encore terminée, et paraît pouvoir durer des mois ou plus, pour arriver à sa fin. Bien que l’armée ukrainienne ait résisté admirablement contre la deuxième grande puissance militaire, qui est la Russie, il va de soi que l’Ukraine a subi d’énormes pertes humaines (1) et économiques (2).
Force est malheureusement de constater que la fin de cette guerre ne sera pas celle du conflit ukrainien, dont la cause principale est la confrontation géopolitique enracinée depuis bien longtemps entre la Russie et l’Occident. D’un côté, les Russes, convaincus du néo-eurasisme du politicien nationaliste Alexandre Dugin (3), ne voudront plus tolérer le rapprochement géopolitique entre l’Ukraine et l’Occident. De l’autre côté, les pays occidentaux, surtout les États-Unis, autorisés à travers l’Otan à intervenir dans les affaires européennes (4), rechigneront toujours à voir la sphère d’influence du Kremlin avancer au-delà de Kiev. Dans ce contexte bien complexe, un armistice de cette guerre ne signifierait que l’inactivité temporaire de l’armée russe autour de l’Ukraine. D’ailleurs, un armistice russo-ukrainien resterait susceptible d’être violé facilement, la Russie pourrait déclencher une guerre, tout en brisant les accords de Minsk (5) et du format Normandie (6) auxquels elle avait consenti. En prenant compte de ce double-jeu russe, l’Occident ne cesserait d’armer l’Ukraine pour qu’elle reste l’espace tampon bien solide contre l’expansion militaire russe. Cela sous-entend bien que parler d’une fin définitive du conflit ukrainien ne se montre pas si significatif dans les circonstances actuelles. Il vaudrait mieux discuter de la tranquillisation du conflit ukrainien, qui consiste à mitiger de gros risques de confrontation d’une manière durable et réciproque pour toutes les parties concernées.
La péninsule coréenne : un bon exemple pour la tranquillisation du conflit ukrainien ?
Évidemment, on peut trouver d’autres conflits nés des confrontations géopolitiques bien intenses. Par exemple, il y a la guerre syrienne depuis 2011, dans laquelle sont intervenues plusieurs puissances étrangères comme les États-Unis, la Russie et la Turquie en y voyant d’importants intérêts stratégiques. Tout comme le cas ukrainien, ce conflit syrien reste encore explosif au risque de déstabiliser le Proche-Orient.
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