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  • Chronique Amérique latine – Quel retour sur une scène internationale tourmentée ? (T 1458)

Chronique Amérique latine – Quel retour sur une scène internationale tourmentée ? (T 1458)

Pascal Drouhaud, « Chronique Amérique latine – Quel retour sur une scène internationale tourmentée ? (T 1458)  », RDN, 10 janvier 2023 - 8 pages

Lula a été élu président du Brésil en 2022 (© Midia Ninja - CC BY-NC 4.0 / Creative Commons)
Lula a été élu président du Brésil en 2022 (© Midia Ninja - CC BY-NC 4.0 / Creative Commons)

Retrouvez la chronique Amérique latine de janvier 2023. Pascal Drouhaud analyse les enjeux géopolitiques pour la région latino-américaine en 2023. Le contexte social tendu au Brésil ou les problématiques économiques ou politiques dans les pays voisins annoncent une année géopolitique complexe.

NDLR : cet article est la chronique « Amérique latine » de janvier 2023 de la RDN.

L’année 2023 serait-elle celle du retour de l’Amérique latine sur la scène internationale ? Depuis quelques semaines, des signes forts semblent l’indiquer. Le premier élément est porté par les convergences politiques des principales économies latino-américaines. L’élection à la présidence de la République du Brésil d’Inacio Lula da Silva, le 30 octobre dernier, permet à la première économie continentale de rejoindre le Mexique, la Colombie, l’Argentine, le Chili et le Pérou dans ce « club » des poids lourds, et créer ainsi une masse critique dont l’objectif reste le développement durable. Pour la première fois depuis les élections présidentielles contestées de 2018, le Venezuela peut espérer un véritable désenclavement politique, situation essentielle également pour le continent en raison du potentiel énergétique de ce pays.

Même si les bases des projets politiques peuvent différer d’un pays à l’autre, les convergences jouent en faveur de la recherche d’une nouvelle dynamique de coopérations régionales. Pour le Brésil, la relance du Mercosur (1) et d’un dialogue des pays de l’Amazonie (2) constituent un axe essentiel du nouveau Président offrant une projection mondiale dans le cadre de l’enjeu majeur que constitue désormais le défi du changement climatique. De continent « oublié » (3) des relations internationales pendant les années marquées par la Covid-19, l’Amérique latine peut se transformer en un espace « convoité, un acteur aux multiples facettes » :

• Un facilitateur international comme le Forum de Paris sur la paix (11-12 novembre 2022) l’a révélé en novembre dernier entre la France et le Venezuela, sous les bons auspices de la Colombie et, dans un cadre élargi, du Mexique et de la Norvège.

• Un pôle d’influence compte tenu des enjeux économiques. La République populaire de Chine y est devenue un partenaire de premier plan, comme les États-Unis qui restent un des principaux investisseurs, au même titre que l’Union européenne, tandis que la Turquie, mais également la Russie tentent de s’y implanter ou de maintenir quelques positions.

• Un modèle, notamment sur les questions environnementales et sur le défi de la transition écologique. La crise de la Covid-19 a rappelé les fractures structurelles qui expliquent, notamment, le fait que 54 % des emplois dépendent du secteur informel sur l’ensemble du continent.

Au sortir d’une crise sanitaire qui l’a affaiblie sur le plan économique et social, l’Amérique latine a conscience qu’il lui faut éviter le risque d’une « balkanisation » internationale. Le conflit en Ukraine et ses conséquences autant sur le plan des enjeux sécuritaires qu’économiques et commerciaux, l’obligent à se positionner et à se transformer sous peine de redevenir un « objet ballotté » au gré des événements internationaux. Le leadership de nouveaux dirigeants qui ont conscience de la nécessité de rompre avec une forme d’isolationnisme, en accord avec le poids de leur pays, tels les Présidents du Brésil, Lula da Silva (4), de la Colombie, Gustavo Petro (5), de l’Argentine, Alberto Fernandez (6), du Chili, Gabriel Boroc (7), mais également du Pérou avec Pédro Castillo (8) ou du Mexique, Andrès Manuel Lopez Obrador (9), ne peut que jouer en faveur d’une action concertée au service de tous : la CELAC (10), la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes peut retrouver une place centrale, sorte de vigie politique avec, pour objectif, d’éviter une « récupération » mécanique par de grandes puissances globales qui inscrivent leur démarche dans une logique de blocs (d’actualité depuis le 24 février 2022 et le conflit en Ukraine).

Cette réalité, loin des problématiques politiques, géographiques et sécuritaires traversées par l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient ou une partie de l’Asie, peut lui offrir l’opportunité de revenir dans le jeu international. Cette position lui permettrait de construire une forme de « 3e voie » internationale. La réalité géographique fait de l’Amérique latine, l’« Extrême-Occident » (11) d’un monde sous tension, position qui peut désormais jouer en sa faveur : le réajustement de certaines voies d’approvisionnement, la prise en compte de la mise en place d’un nouveau contrat social intégrant la dimension environnementale comme facteur de développement, le respect du traité de Tlatelolco (12) constituent autant d’axes essentiels pour un continent qui retrouve sa place dans le monde.

Défis et perspectives de l’Amérique latine

Éviter d’être ballotté au gré des intérêts des « superpuissances », tel est le défi majeur de l’Amérique latine. Longtemps enfermé dans l’image de « l’arrière-cour » des États-Unis, le continent latino-américain a tenté, depuis les années 1990, de diversifier ses partenaires sur la scène internationale. Plusieurs raisons expliquent cette volonté : les années 1980, considérées comme « la décennie perdue » (13), étaient accompagnées de conflits dits « périphériques », autant de « guerres de basse intensité » entre forces gouvernementales et guérillas inscrites dans le rapport Est-Ouest. Au sortir de cette période, la libéralisation économique des années 1990 a ouvert des champs nouveaux pour un continent qui restait marqué par des inégalités sociales importantes, dans une diversité de situations tandis que l’apparition de nouvelles structures de coopérations régionales vient alimenter une dynamique en faveur d’une unité. Le SICA (14), le Mercosur, l’Union des États caraïbes (15) illustraient cette tendance qui allait, dans les années 2000, être contrebalancée par l’émergence de logiques politiques différentes : Hugo Chavez (16) lançait l’ALBA (17) qui se voulait une alternative à l’approche libérale. Tandis que les attentats du 11 septembre captaient l’attention et la puissance des États-Unis vers le Moyen-Orient et l’Asie centrale, l’Amérique latine s’ouvrait à de nouveaux partenaires comme la Chine, devenue entre-temps un des principaux partenaires commerciaux du continent. La Russie a gardé ses alliés historiques que sont Cuba, le Nicaragua, mais également la Bolivie ou le Venezuela.

Dans les années 2010, marquées par la fin de la croissance soutenue et le retour de crises socio-économiques à partir de 2014-2015, la Turquie est apparue : le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, effectuait des visites officielles à but économiques dans plusieurs pays, en insistant sur les infrastructures, parmi lesquels le Pérou, l’Argentine, le Paraguay ou le Chili en 2016. La création de l’Alliance du Pacifique (18) regroupant le Chili, le Pérou, la Colombie et le Mexique en est un des meilleurs exemples. Il s’agit de créer un espace de coopération économique entre les pays membres et de s’ouvrir aux marchés de la région indo-pacifique. Ces lignes directrices s’inscrivent dans un contexte post-Covid dans lequel les perspectives de croissance, malgré son retour, ne sont pas encore suffisantes pour casser la spirale des tensions sociales. Celles-ci ont cristallisé, depuis 2018, des revendications qui ont bouleversé la carte politique du continent : les alternances ont été systématiques.

Elles se sont produites, sauf en Équateur, en faveur des mouvements de la gauche, plus radicale comme ce fut le cas au Chili ou en Colombie, avec des alliés issus du centre comme au Brésil avec la désignation du colistier Géraldo Alckmin du Président Lula. La cohérence politique actuelle du continent peut lui offrir la possibilité d’établir un front large pour répondre aux défis de la situation internationale actuelle.

Pour la première fois, peut-être, la réalité socio-économique du continent peut constituer un levier pour assurer un retour crédible dans le concert des nations. Les derniers rendez-vous internationaux ont constitué autant d’occasions de marquer une forme de retour, en assurant une présence sur des sujets dans le cœur de l’actualité : la COP 27 de Charm el-Cheikh a offert une tribune notamment à Lula qui s’est exprimé sur la question amazonienne et, à travers elle, la problématique de la préservation environnementale et de la relance économique pour les pays émergents et en développement, tandis que la planète dépassait officiellement les 8 milliards d’habitants. Exister à l’international, suppose un minimum de cohésion socio-économique.

Au sortir de la Covid-19, ce sont 115 millions de personnes, sur les 600 que compte le continent, qui sont entraînées dans la spirale de la pauvreté de manière durable. Beaucoup sont issues des classes moyennes qui avaient émergé durant les années 1990 et 2000. Crise dont les causes structurelles sont à rechercher, notamment dans le manque de diversification des secteurs d’activité, dans les faiblesses de la redistribution des richesses et la dépendance à la seule exploitation des matières premières consacrées à une forte exportation.

Les réformes à mener sont pourtant connues, mais comme toujours difficiles à mener. Pour retrouver une dynamique économique associée à une nouvelle cohérence sociale, les pays du continent devraient s’engager dans plusieurs réformes permettant de mener à bien divers objectifs fondamentaux : retrouver un équilibre budgétaire et la voie de la croissance, renforcer les liens publics-privés, développer une attractivité pour les investissements étrangers, renforcer une meilleure convergence normative entre les pays, réviser les politiques fiscales au service de politiques publiques, créer des politiques de protection sociale, préparer les économies à absorber de prochains chocs, réviser et renforcer les coopérations régionales.

C’est à ce prix que le continent retrouvera une place durable sur la scène internationale et pourra éviter de devenir « un terrain de jeu » des deux acteurs essentiels du nouveau duopole que le Sommet du G20 à Bali a une nouvelle fois révélé : les États-Unis et la République populaire de Chine. Pour l’Amérique latine, l’équation est simple, tandis que l’actualité internationale a rattrapée le continent latino-américain : comment ne pas être entraîné dans les tensions internationales tout en retrouvant un statut international à la hauteur de son potentiel ?

Amérique latine : quelle marge de manœuvre internationale ?

L’Amérique latine a-t-elle les moyens de sa volonté d’affirmer son indépendance internationale ? Elle veut éviter de redevenir un alibi ou un « dommage collatéral » des tensions du monde. Pour autant, il lui faut concilier la logique nationale qui a prévalu pendant la crise sanitaire aux dépens des coopérations régionales et de l’intérêt général. C’est pourquoi, les convergences politiques des principales économies peuvent être une chance pour le continent. Pour les États-Unis, l’une des priorités tend à « contenir » et « réduire » l’influence, considérée comme potentiellement hostile, de la Chine dans le monde. L’objectif est difficilement compatible avec les objectifs de développement latino-américains.

Que ce soit sur le plan technologique, numérique, économique, mais également dans la construction de sa représentation symbolique, « l’Empire du Milieu » est le partenaire-rival de Washington. Cette réalité place l’Amérique latine dans une position délicate.

Cette zone de danger est désormais renforcée par la situation en Ukraine. Jamais le risque de « dommage collatéral » ne s’est fait autant sentir depuis les années 1990, que depuis le déclenchement de cette nouvelle guerre en Europe. Et pour cause ! La Russie est parvenue, depuis la chute de l’ex-URSS en 1991, à maintenir ses positions auprès de ses « alliés », Cuba et le Nicaragua naturellement, le Venezuela depuis Hugo Chavez et la Bolivie. Elle a élargi ses assises notamment par le renforcement de ses échanges commerciaux, agricoles notamment, avec des pays comme l’Argentine et même le Brésil.

Pour Washington, le sentiment d’une possible « prise à revers » existe. Il devient, pour les États-Unis, indispensable de la stopper net sous peine de voir l’Amérique latine redevenir un espace d’instabilité. C’est aussi sous ce prisme qu’il est nécessaire de saisir et analyser la portée des négociations secrètes engagées, depuis le début du mois de mars 2022, entre les États-Unis et le Venezuela. Il s’agit de répondre au défi de la recherche de nouvelles voies énergétiques, faisant suite aux sanctions contre la Russie. En Amérique latine, le Venezuela offre la possibilité de recourir à une fourniture en gaz et pétrole moyennant, sans doute, la levée des sanctions imposées par Washington contre Caracas depuis 2019. « Realpolitik » oblige, la possibilité d’un accord, avec en arrière fond la thématique nucléaire iranienne, permettrait le retour du Venezuela dans le concert des nations en échange d’une neutralité sur le dossier russe. Le Forum de Paris pour la paix, du mois de novembre 2022, a donné un aperçu des enjeux qui passent par l’amorce d’un nouveau dialogue inter-vénézuélien, sous les bons auspices de pays comme la Colombie, le Mexique et la France.

La Norvège pourrait jouer un rôle de garant humanitaire comme ce fut le cas pendant les négociations de paix au Salvador entre 1990 et 192, ou en Colombie entre le gouvernement et l’ancienne guérilla des FARC (19). Cette initiative met en avant une nouvelle méthode : tenter de régler des crises internes permanentes, aux conséquences régionales fortes et limitant la portée d’un retour international. La question vénézuélienne en est un des meilleurs exemples : elle a des conséquences sur les liens avec les États-Unis, pose des questions de fond pour la sécurité compte tenu des relations avec l’Iran ou la Russie, gèle les coopérations régionales ou bilatérales, renforce les crises économiques notamment avec la question migratoire. La Colombie, l’Équateur, le Pérou, le Chili, mais également l’Amérique centrale ont souffert de l’arrivée de migrants vénézuéliens (2 millions pour la seule Colombie depuis 2018), déséquilibrant les économies nationales. Voilà pourquoi la possibilité d’une amorce de dialogue dévoilée pendant le Forum de Paris, est aussi stratégique.

L’Amérique latine s’est peut-être imprégnée, ces dernières années, d’une approche insulaire incompatible en fait, avec son histoire, sa réalité géographique à la croisée des mondes, entre l’océan Atlantique et le Pacifique, et les enjeux économiques alors même qu’elle est un producteur mondial de nombreuses matières premières. Son positionnement géographique offre à la fois une forme de protection et alimente un risque d’isolement. Il nourrit une réalité qui peut être un atout dans les relations internationales contemporaines : l’Amérique latine est la dernière frontière occidentale du monde. Les convergences politiques actuelles offrent une opportunité d’action internationale.

Elle se fera à la fois dans le cadre d’une relance des coopérations régionales portées par le poids des principales économies du continent, et dans une dynamique nationale de pays qui ont une vision globale. Le Brésil, le Mexique et l’Argentine sont membres du G-20. Chacun, dans sa réalité, entend déployer une action particulière : le Brésil du Président Lula veut revenir dans « le mouvement du monde ». Pour le Mexique, il s’agit à la fois d’agir en puissance régionale, de s’investir sur des sujets comme la protection de l’environnement, d’afficher une forme de voie nouvelle tout en assurant un dialogue permanent avec le grand voisin, partenaire-concurrent que sont les États-Unis d’Amérique.

Ce pays a tenté, lors du Sommet de la Communauté des États latino-américains et Caraïbes (CELAC) de retrouver un dialogue continental. Mais la proposition formulée par Mexico de remplacer l’Organisation des États américains (20) par « un organisme vraiment autonome » de Washington (21), ne pouvait que se conclure par un échec. Cela étant, l’initiative pouvait constituer un ballon d’essai pour le Mexique qui essaie de favoriser une forme de mouvement de pays latino-américains « non alignés ».

L’arrivée de Gabriel Boric au palais de la Moneda au Chili, celle de Pédro Castillo à Lima complétée par celle de Gustavo Petro en Colombie et Lula da Silva au Brésil permettent d’envisager une nouvelle logique d’union fédérale avec le soutien du Président Andres Manuel Lopez Obrado au Mexique. Force économique, l’Alliance du Pacifique, par exemple, bénéficie désormais d’une convergence politique inédite qui pourrait favoriser un nouveau dialogue avec les partenaires du continent, tels l’Amérique centrale, les économies d’Amérique du Sud incluant le Venezuela et la région des Caraïbes.

C’est à ce prix que le continent retrouvera une place durable sur la scène internationale alors que, pour l’heure, il court le risque de devenir « un terrain de jeu » des deux acteurs essentiels du nouveau duopole : les États-Unis et la République populaire de Chine.

Conclusion

Au sortir de la crise de la Covid-19, l’Amérique latine s’est transformée. Le cycle des alternances politiques s’achève avec l’élection présidentielle brésilienne. Les premières économies du continent sont désormais dirigées par des gouvernements issus des rangs de la gauche. Alors que la diversité est caractéristique d’un continent qui compte, avec la région des Caraïbes 33 pays, une forme de convergence politique, à défaut de parfaite unité, peut permettre à l’Amérique latine de revenir en force sur la scène internationale. Il était temps sous peine de courir le risque d’apparaître comme un continent oublié, « balkanisé » et ballotté au gré des intérêts de puissances globales.

En effet depuis les années 1990, le continent latino-américain s’est engagé dans une diversification de ses partenaires : la Chine est un de ses principaux partenaires commerciaux, à l’instar des États-Unis tandis que l’UE, mais également dans une moindre mesure, la Russie et la Turquie ont renforcé leur présence. Pour assurer son retour international, le continent se doit de déployer des actions de plusieurs ordres :

• Relancer les coopérations régionales qui ont souffert des années de crise sanitaire. La fragmentation du continent, s’est accélérée depuis 2019. Les logiques nationales ont eu vocation à remplacer l’idée d’une solidarité régionale. Il s’agit désormais de stopper une forme de déclassement d’un continent qui a pourtant les ressources pour rebondir.

• Trouver une issue à certaines crises ayant des répercussions sur le continent. Les Présidents de la Colombie, du Mexique et de l’Argentine œuvrent à la reprise d’un dialogue inter-vénézuélien tandis que la crise, depuis 2018, a eu des conséquences économiques, commerciales et politiques en Amérique latine. La question du Nicaragua se posera en Amérique centrale.

Ces évolutions vont conditionner la force d’une unité crédible sur la scène internationale. Tandis que les tensions perdurent en raison des turbulences causées par le conflit en Ukraine, l’Amérique latine peut occuper un espace qui lui offre la possibilité de redevenir un acteur, mais également un médiateur, compte tenu de la diversité de sa présence multilatérale. La France l’a compris en renouant avec les pays impliqués dans la crise vénézuélienne tout comme sur les questions environnementales. Les Sommets internationaux, de la COP 27 au G20, en passant par l’ASEAN ou la CELAC/OEA ont rappelé un horizon longtemps oublié : l’Amérique latine redevient « la nouvelle frontière » d’un monde sous tensions. ♦


(1) Créé en mars 1991, le Mercosur constitue un marché commun régional, regroupant les économies du Brésil, de l’Argentine, de l’Uruguay, du Paraguay et du Venezuela (qui a été suspendu en 2017).
(2) Neuf pays ont une partie de leur territoire dans la région amazonienne : le Brésil, le Pérou, la Colombie, le Venezuela, la Bolivie, le Guyana, le Suriname et la France (avec la Guyane).
(3) Drouhaud Pascal et Biroste David, « L’Amérique latine : le continent oublié des relations internationales ? », Revue politique et parlementaire, 2 novembre 2021.
(4) Inacio Lula da Silva a été lu président de la République fédérative du Brésil le 30 octobre 2022. Leader du parti des travailleurs, il a été élu Président du Brésil en octobre 2002, réélu pour un second mandat en 2006. Candidat en 2022, il a remporté les élections présidentielles contre le chef de l’État sortant, Jair Bolsonaro.
(5) Gustavo Petro, ancien membre de la guérilla du M-19 (mouvement qui est revenu à la vie civile en 1989), a été maire de Bogota (2012-2014/2015), sénateur (2018-2022) avant de remporter les élections présidentielles le 19 juin 2022 (il avait été candidat en 2010 et 2018).
(6) Alberto Fernandez est président de la République d’Argentine depuis le 10 décembre 2019.
(7) Gabriel Boric a été élu président de la République chilienne le 19 décembre 2021. Il assumera ses fonctions le 11 mars 2022. Il était le candidat de la gauche, porteur d’un projet d’État providence.
(8) Pedro Castillo a pris ses fonctions de Président du Pérou le 28 juillet 2021 au terme d’un processus électoral tendu face à son opposante, Keiko Fujimori.
(9) Andres Manuel Lopez Obrador est Président des États-Unis mexicains depuis le 1er décembre 2018.
(10) La CELAC a été créée le 23 février 2010 et a succédé au groupe de Rio.
(11) Drouhaud Pascal, « L’Amérique latine : la nouvelle frontière d’un occident sous tension », Revue politique et parlementaire, 31 mars 2022.
(12) Le traité de Tlatelolco interdit les armes nucléaires en Amérique latine. Signé le 17 février 1967, il est en vigueur depuis le 22 avril 1968.
(13) Les années 1980 ont été définies comme « la décennie perdue » de l’Amérique latine en raison de la crise de l’hyperinflation et des conflits internes qui ont frappé le continent.
(14) Système d’intégration centraméricain fondé en décembre 1991. Il regroupe les pays centraméricains et la République dominicaine.
(15) L’Association des États caraïbes, a été créée en 1994.
(16) Hugo Chavez a été président de la République bolivarienne du Venezuela de décembre 1999 à sa mort le 5 mars 2013.
(17) L’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) a été créée en décembre 2004. Elle regroupe Antigua-et-Barbuda, la Bolivie, Cuba, la Dominique, la Grenade, le Nicaragua, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Suriname et le Venezuela.
(18) L’Alliance du Pacifique, créée le 28 avril 2011, regroupe le Mexique, la Colombie, le Pérou et le Chili. Son objectif est de créer une zone de libre-échange. Ces pays représentent 35 % de la richesse de l’Amérique latine.
(19) Les Forces armées révolutionnaires de Colombie ont été fondées par Pedro Antonio Marin, alias Manuel Marulanda, en 1964. Ce mouvement révolutionnaire est cosignataire des accords de paix signés avec le gouvernement colombien le 26 septembre 2016.
(20) L’OEA a été fondée le 30 avril 1948 au début de la guerre froide. Il lui est reproché son lien important avec Washington.
(21) L’Union des nations sud-américaines (UNASUR) crée en 2010 tout comme le Sommet de la CELAC à Mexico en octobre 2021 tentent de fonder une organisation alternative à l’OEA.

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