Dans cette seconde partie, le Lieutenant-colonel Benjamin Le Gall analyse la politique lituanienne à l'égard de Taïwan et revient sur les raisons d'une réconciliation improbable entre Vilnius et Pékin. Alors que l'enjeu de l'influence chinoise dans la politique et l'économie européennes se fait de plus en plus sentir, la Lituanie peut compter sur le soutien de l'Union européenne quant à la conduite des pays baltes à l'égard de Taïwan.
Détérioration des relations entre la Chine et la Lituanie (2/2) : une normalisation improbable ? (T 1464)
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Depuis les élections législatives d’octobre 2020, la cohabitation entre le président Gintanas Nauseda et la Première ministre Ingrida Šimonyte, qui fut aussi sa rivale lors des élections présidentielle en 2019, est marquée par des divergences de vues répétées, notamment sur Taïwan (1). Dans un contexte économique difficile et alors que l’ouverture du bureau de représentation taïwanais (BRT) en Lituanie en novembre 2021 n’a pas été comprise par la majeure partie de la population (2), le sujet devrait aussi être exploité par l’opposition afin de fragiliser le gouvernement de coalition dans la perspective des prochaines élections (présidentielles en mai 2024 et législatives en octobre 2024).
Toutefois, les critiques adressées au gouvernement ne pourraient être que de l’opportunisme électoraliste sans réelle volonté ou capacité d’inverser à un coût raisonnable la mécanique qui s’est enclenchée avec Pékin. Des concessions sur la dénomination du BRT seraient probablement à la fois sans effet sur la relation bilatérale, et interprétées comme un aveu de faiblesse alors que les enjeux liés à la Chine touchent de plus en plus à la sécurité nationale. Surtout, la stratégie mise en place par la Lituanie pour diversifier ses chaînes d’approvisionnements dans la région Indo-Pacifique, multiplier les opportunités d’investissements et attirer des capitaux sur le sol lituanien, semble devoir porter ses fruits, y compris avec Taïwan.
Une politique étrangère chinoise de plus en plus antagoniste des intérêts de sécurité de la Lituanie
La Stratégie nationale de sécurité approuvée par le Parlement lituanien (Seimas) en décembre 2021 identifie pour l’essentiel deux menaces pouvant porter directement atteinte à la sécurité de la République de Lituanie. D’une part, le gouvernement de la Fédération de Russie, qualifié de menace existentielle et, d’autre part, le gouvernement de la République de la Biélorussie, présenté comme autoritaire, imprévisible et hostile. Or, depuis la parution de cette stratégie, la République populaire de Chine (RPC) a renforcé ses liens avec ces deux gouvernements.
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