Dans la continuité de ses précédents articles, alors que l'actualité autour de Taïwan se réchauffe, Benjamin Le Gall analyse la relation entre la Républque de Chine et la République tchèque, un autre pays d'Europe centrale et orientale qui cherche à résister à une certaine influence chinoise et qui souhaite mettre en œuvre une diplomatie active avec Taipei, en rompant avec la politique menée auparavant par Prague.
Après la Lituanie, quels autres succès pour Taïwan sur le flanc Est de l’Europe ? (T 1483)
(© Oleksandr / Adobe Stock)
À la suite de l’ouverture du Bureau de représentation taïwanais en Lituanie en novembre 2021, la République populaire de Chine (RPC) a mis en place des mesures de rétorsion d’une ampleur jamais vue à l’encontre de l’État balte. En réaction, sans que cela ne remette en cause sa reconnaissance de la politique d’une seule Chine, l’Union européenne (UE) a déposé une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en janvier 2022 pour dénoncer des restrictions commerciales qui portent atteinte à son marché unique (1).
À ce stade, le litige qui oppose Pékin à Vilnius autour de la question taïwanaise ne devrait pas, à lui seul, remettre en cause le fondement des relations entre l’UE et la Chine. Cependant, il faut se rappeler des propos tenus par le ministre des Affaires étrangères Wang Yi à l’occasion du 11e cycle de dialogue stratégique de haut niveau entre la Chine et l’UE en septembre 2021. Sur la question de Taïwan, réitérant que le principe d’une seule Chine est le fondement politique sur lequel la Chine développe des relations avec l’UE et ses États-membres, Wang Yi a cité un proverbe chinois disant en substance « qu’une base peu solide pourrait provoquer des incidents extrêmement graves » (2).
Or, la Lituanie pourrait entraîner dans son sillage d’autres pays membres de l’UE qui seront peut-être à la fois séduits par les succès déjà remportés par Vilnius auprès de Taïwan et rassurés par les soutiens venus de Bruxelles, mais aussi des États-Unis. Dans le même temps, la RPC devrait poursuivre son offensive diplomatique sur le flanc oriental de l’Europe, tandis que les avocats de Pékin présents dans les enceintes européennes pourraient se faire de plus en plus rares. Le tout pourrait conduire à l’émergence d’un noyau de pays membres de l’UE et de l’Otan renforçant de manière ostensible leur coopération avec Taïwan, cela au mépris des avertissements répétés de la RPC.
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