Ancien fonctionnaire international à l'OSCE, Guy Vinet analyse, dans le cadre du nouveau contexte international lié notamment à la guerre en Ukraine, les enjeux de la neutralité de l'Autriche au sein d'une Europe qui connaît un retour de la guerre. Entre réalisme, opportunisme et ambiguïté, Vienne cherche à faire de sa neutralité historique un atout sur la scène internationale.
La neutralité autrichienne à l’heure de la guerre russe en Ukraine (T 1496)
(© Otan)
La république d’Autriche actuelle est de construction récente. Riche d’un long passé, mouvementé et souvent brillant, l’Autriche d’aujourd’hui n’est que la pâle héritière d’un empire qui a sombré en 1918 et d’une première république qui a rejoint l’Allemagne hitlérienne en 1938. Cet héritage, à la fois complexe et dramatique, explique largement les raisons pour lesquelles la deuxième république d’Autriche est et reste attachée aujourd’hui à son statut de neutralité qu’elle a adopté dès sa naissance.
Dans le contexte actuel faisant suite à l’agression russe contre l’Ukraine le 24 février 2022, d’autres pays européens neutres jusqu’alors ont décidé de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) (1). L’Autriche, comme Chypre, l’Irlande ou Malte, n’a pas suivi cette voie et affirme sa neutralité. Cette posture est-elle toujours pertinente, tenable et ne risque-t-elle pas d’être frappée d’obsolescence ?
Cet article propose de visiter les origines et le contenu de la neutralité de l’Autriche pour en aborder les perspectives.
Il reste 94 % de l'article à lire