Le monde s'est réveillé avec stupeur le 7 octobre dernier, en voyant les images de la terrible attaque du Hamas contre Israël. Dans un contexte de déstabilisation majeure au Moyen-Orient, cette nouvelle guerre montre, plus que jamais, l'échec de la diplomatie. Le monde ne peut plus ignorer la guerre, qu'elle soit en Europe, en Afrique ou au Moyen-Orient.
Éditorial – Israël : le tragique retour du Moyen-Orient (T 1531)
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L’histoire est, définitivement, tragique. La stupeur nous a tous frappés au matin du samedi 7 octobre, alors que l’Europe ne se relevait toujours pas des massacres perpétrés par la Russie dans un village ukrainien, par un bombardement tuant plus de cinquante innocents, dont un enfant ; et de l’exode de plus de 100 000 réfugiés arméniens quittant le Haut-Karabakh après des semaines d’affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais, après des mois d’intimidation dans cette enclave arménienne en Azerbaïdjan, mettant un semblant de point final à l’un des conflits post-soviétiques les plus anciens. Le 7 octobre, ce sont de nouveaux des civils, des innocents, qui ont été sacrifiés, cette fois par une attaque terroriste sans précédent sur le sol d’Israël, perpétrée par le Hamas.
Le retrait des États-Unis d’Afghanistan, dans les piètres conditions qui ont donné lieu à un sentiment de gâchis au Moyen-Orient pendant vingt ans et le tournant stratégique de l’Occident vers l’Indo-Pacifique pouvaient laisser croire que le centre névralgique des enjeux internationaux n’était plus le Moyen-Orient – comme il le fut pendant plus de deux décennies –, mais bien l’Europe ainsi que les océans Pacifique et Indien, très loin des plaines désertiques d’Orient.
La force de frappe surprenante et éclair des terroristes du Hamas a pris l’ensemble de la société internationale de court. Une opération coordonnée par air, mer et terre qui suscite bien des interrogations, marquant l’échec du renseignement et de la stratégie israéliens dans la région, devenant l’attaque la plus meurtrière de l’histoire de l’État hébreu perpétrée sur son sol. La férocité et la brutalité de cette attaque, dont les atrocités commises par les terroristes sont renseignées quasi en direct par les chaînes internationales d’information en continu et les réseaux sociaux, sidère. Des images qui doivent, sans concession quelconque, provoquer l’indignation de l’ensemble de la communauté internationale et la condamnation de ces actes de terrorisme, s’en prenant avec abomination aux civils.
Les conséquences de cette attaque ne se font pas attendre et le gouvernement israélien a décidé de riposter avec plus de 300 000 hommes mobilisés
– un nombre historique. Israël a mis le siège en règle de Gaza – contrôlée par le Hamas –, en coupant l’électricité, l’eau et le gaz, et en massant des troupes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou promet une guerre dont « on se souviendra sur des générations ». Rappelant les heures les plus dramatiques de l’histoire de la région, tout juste cinquante ans après la guerre du Kippour, la guerre semble redevenir le moyen de régler les différends, consacrant l’échec des négociations et de la diplomatie. Une nouvelle guerre fait rage au Moyen-Orient, après l’Irak et la Syrie, avec, en plus du siège de Gaza, des mouvements au Liban avec le Hezbollah, soutenu, notamment, par l’Iran, et l’arrivée du porte-avions américain USS Gerald R. Ford en Méditerranée orientale, ayant reçu l’ordre de se rapprocher d’Israël. Une déstabilisation régionale inédite, qui promet, hélas, un conflit qui peut s’annoncer long et meurtrier, au détriment, toujours, des civils et des populations innocentes, d’un côté comme de l’autre.
Après la stupeur, le temps des interrogations viendra : comment les renseignements israéliens voire occidentaux n’ont-ils pu prévoir une attaque d’une telle ampleur et d’une telle organisation ? Y a-t-il eu des messages avant-coureurs qui ont été ignorés ? L’histoire nous le dira en temps voulu, mais cette attaque rappelle le rôle des grandes puissances régionales au Moyen-Orient.
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Dans un contexte de déstabilisation internationale par la guerre, la paix saura-t-elle advenir ?
Le début de la décennie 2020 est fondamentalement marqué par un retour tragique de l’histoire et celui de la guerre comme source majeure de déstabilisation des relations internationales. La diplomatie montre, malheureusement, des échecs ces dernières années, les conflits armés prenant de plus en plus de place dans l’actualité internationale : Tigré en Éthiopie, Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, la guerre en Ukraine, les affrontements et les risques d’embrasement dans les Balkans occidentaux… Quelle direction prendra le sens du monde ? Nul ne peut le savoir, les surprises tactiques et stratégiques étant plus que jamais d’actualité dans un monde de plus en plus complexe. ♦