Alors que les Suffren et Duquesne vont être prochainement démantelées, l'auteur nous rappelle les caractéristiques de ces deux Frégates lance-missiles (FLM) qui ont marqué l’apogée des grands navires de surface polyvalents de la Marine nationale.
Les Suffren et Duquesne : 2 frégates emblématiques de la Marine nationale (T 1532)
La FLM Duquesne à Toulon en février 2004 (© Jean-Michel Roche)
De la fin des années 1960 jusqu’en 2007, les Frégates lance-missiles (FLM) Suffren et Duquesne ont marqué l’apogée des grands navires de surface polyvalents de la Marine nationale. Ces bâtiments de premier rang ont été conçus pour protéger une force navale contre les menaces aériennes, de surface et sous-marine. C’est également la première classe de navires français à être construite spécialement en tant que bâtiments lance-missiles.
Les deux navires sont conçus pour escorter les porte-avions Clemenceau et Foch.
Les missiles mer-air Masurca constituent l’arme antiaérienne principale, lancés depuis une rampe double installée sur la plage arrière et disposant d’un stock de 48 missiles. La détection aérienne est assurée par le radar tridimensionnel DRBI 23 à longue portée, installé sous un imposant radôme en composite. Deux tourelles de 100 mm et deux canons de 30 mm complètent le dispositif anti-aérien.
L’armement anti-sous-marin comprend un système lance-missiles Malafon (une torpille portée par un vecteur aérien) avec 13 missiles en dotation, ainsi que quatre catapultes lance-torpilles. Les moyens de détection ASM comprennent un sonar de coque fixe DUBV-23 et un sonar remorqué à immersion variable DUBV-43. Né dans les années 1960-1970 sur les escorteurs d’escadre T47 « refondus ASM » (comme le Maillé-Brézé, conservé à Nantes), ce tandem de deux sonars a fait la preuve de son excellence jusqu’à aujourd’hui, sur les Frégates multi-missions (Fremm).
La lutte contre des objectifs de surface était assurée par l’artillerie de 100 mm et de 30 mm. À la fin des années 1970, des missiles mer-mer Exocet ont été installés à la place des tourelles de 30 mm.
Les moyens de guerre électronique comprenaient un détecteur, un lance-leurres et des brouilleurs.
Les Suffren et Duquesne n’embarquaient pas d’hélicoptère.
Les coques de ces bâtiments de 1er rang sont à la fois élégantes et taillées pour la haute mer, elles sont propulsées par deux hélices et disposent d’un système de stabilisation active par ailerons. L’appareil moteur est constitué par quatre chaudières à vapeur surchauffée à 45 bars, alimentant deux groupes de turbines d’une puissance totale de plus de 72 000 CV qui garantissait 34 nœuds. En navigation courante, deux chaudières seulement étaient sous les feux, permettant une vitesse de 28 nœuds.
Un équipage de 360 hommes était nécessaire pour mettre en œuvre l’ensemble des moyens de ces puissants bâtiments polyvalents.
Le Suffren a été désarmé en 2001, le Duquesne en 2007. Tous deux servaient de brise-lame. Dans le cadre d’un contrat de démantèlement pour 8 grandes coques, le Suffren vient de partir pour Bordeaux afin d’être déconstruit, le Duquesne suivra. ♦